Living in a happy world…

A tou(te)s les prisonnier(e)s qui refusent leur funeste sort et se rebellent contre l’autorité inique incarnée par le système juridico-pénitentiaire de la République bananière française dont le plus haut représentant a obtenu un score de maréchal-président. Je tiens à saluer particulièrement le guerrier et la guerrière de la lumière qui ont adressé des lettres témoignant de leur rage de vivre malgré la volonté affichée de la pestilentiaire de les déposséder des ultimes souffles de liberté qui subsistent dans les derniers retranchements de leur âme. Je salue aussi tou(te)s les prisonnier(e)s du QI et ceux qui sont actuellement au QD.
Je viens d’apprendre les projections en sièges du CSA pour les élections législatives.
Droite : entre 393 et 446 sièges
Gauche : entre 181 et 127 sièges
Chasseurs : entre 1 et 3 sièges
Pôle républicain : 1 ou 2 sièges

Pour 577 sièges, la majorité parlementaire est de 289 sièges, donc, quoi qu’il arive, la droite aura la majorité absolue et pis encore l’UMP à elle toute seule aurait la majorité absolue sans l’aide de l’UDF. Ce qui était possible est arrivé, Supermenteur, Tamarin et Sarkophage ont réussi leur coup de com. Ce n’est d’ailleurs pas par hasard que l’ancien publicitaire, qui avait notamment réalisé la publicité pour un café connu (Jacques Vabre pour ne pas le citer) a été nommé Premier ministre du maréchal-président.
Ces résultats ne laissent rien présager de bon ni pour les gens de dehors ni pour ceux qui sont dedans. On avait eu un avant-goût de la politique sécuritaire entre la présidentielle et les législatives. Maintenant tous les bidochons et les réactionnaires ont donné carte blanche à la droite la plus à droite depuis Georges Pompidou. Les premières conséquences de la politique de droite, dont le mot d’ordre est sécurité, ne vont pas tarder à se manifester. Je vous rappelle quelques petites phrases du leader de la droite avant les législatives : « 2 de plus ça fait pas 4, ça fait 8 », disait Sarkophage à propos des délinquants récidivistes, « il va falloir s’habituer à voir du bleu marine », disait Devedjian. On va avoir droit à tous les tons de bleu marine, de celui des matons à celui des gendarmes, en passant par celui des policiers, des milices de la RATP et j’en passe. « Il faut rétablir l’autorité républicaine et faire preuve de grande fermeté », dixit Tamarin (le Tamarin est une des innombrables espèces de singe). Je le nomme aussi le Bossu de Notre-Dame (cela n’engage que moi !).


Arnaud Montebourg qui s’était mué en procureur du président de la République avait été traité de « quasi-délinquant » par Dominique Perben (ministre de l’Injustice et fidèle d’Alain Juppé, l’éminence grise de Jacques Chirac).
Eh bien pour répondre à ces démagogues de pacotille, j’emprunterai quelques citations d’hommes et de femmes célèbres.
A Sarkophage, je dirai ceci : « Les plus dangereux de nos calculs sont ceux que nous appelons des illusions » (Georges Bernanos, 1888-1948).
A Devedjian je dirai : « Quand je n’ai pas de bleu, je mets du rouge » (Pablo Picasso, 1881-1973).
A Tamarin je dirais : « La plupart des hommes, en politique comme en tout, concluent des résultats de leurs imprudences à la fermeté de leurs principes » (Benjamin Constant, 1767-1830), et à Perben je dirai enfin : « Tout plébiscite, grâce à l’apeurement, à l’ignorance, donne toujours la majorité contre le droit, c’est-à-dire au gouvernement qui l’invoque » (Louise Michel, 1830-1905).
Ce qui se passe en France n’est que le reflet de la tendance générale dans un monde globalisé et uniformisé par l’hyperpuissance autoproclamée : j’ai nommé les Etats-Unis d’Amérique. N’oublions pas qu’un certain J. Chirac, au lendemain du 11septembre 2001, avait déclaré à George W. Butcher (boucher en anglais) : « You’re the boss » (vous êtes le patron).

Ce que nous vivons actuellement n’est que la suite logique de la politique locale du nouvel ordre mondial.
Le mot d’ordre, assurer la sécurité du patriote (c’est-à-dire celui qui accepte le statu-quo sans broncher) et lutter contre le terrorisme de l’antipatriote (c’est-à-dire celui qui réfute le statu-quo et utilise les moyens qu’il juge adaptés pour se préserver et lutter contre un système profondément injuste et qui veut se conserver quel qu’en soit le prix à payer en termes de dommages collatéraux). Il faut donc choisir son camp. Soit on est avec et on fait partie de la coalition contre le terrorisme ; soit on est contre et l’on est taxé de terroriste et catalogué dans l’axe du mal. Cela est valable pour tout individu vivant sur la planète. Le sort du contestataire est proportionnel à sa contestation mais pour le pouvoir répressif il est classé dans la catégorie rebelle et traité comme tel. Il n’y a plus de place pour la nuance, le monde de l’après- 11 septembre est devenu manichéen. Et je donne quelques exemples pour illustrer mes propos. Un directeur de galerie d’art à NYC a failli se faire vandaliser les œuvres exposées par des agents du FBI parce que l’affiche de son exposition représentait un drapeau américain avec, en guise d’étoiles, 50 marques de multinationales états-uniennes et que l’un des patriotes avait téléphoné aux autorités pour leur dire qu’il s’agissait d’un terroriste hostile aux USA. Récemment, des militants Greenpeace qui avaient endommagé un bateau devant participer à une course de voile célèbre, sponsorisé par Areva, entreprise de retraitement de déchets nucléaires, s’étaient vu traiter de terroristes par l’un des responsables de l’équipe de skippers. Même le sport n’est pas épargné, puisqu’un footballeur taclé par derrière sera victime d’un « attentat » pour reprendre le vocabulaire des journalistes sportifs. Tous ces abus de langage ne sont pas innocents, mais sont le reflet de l’ambiance sécuritaire mondiale. Et pour reprendre le sologan d’un célèbre fournisseur de merde à emporter, « ou hou ou, happy boy, ou hou ou, happy girl… living in a happy world… » (garçon joyeux, fille joyeuse, vivant dans un monde joyeux).
Vous avez reconnu McDonald’s !

Nous sommes à l’orée d’une période liberticide pour l’ensemble des gens épris de la liberté de disposer d’eux-mêmes. Et rien ne laisse entrevoir un avenir radieux lorsque l’on voit la tendance actuelle de la majorité, pour ne pas dire l’unanimité, des gouvernants de la planète. Je concluerai ce petit billet d’humeur par la célèbre phrase de Diderot : « Il n’y a plus de patrie ; je ne vois d’un pôle à l’autre que des tyrans et des esclaves. »
Brisons les chaînes de notre esclavage et terrorisons les tyrans ! Ça c’est de moi ! « J’aime qu’à mes desseins la fortune s’oppose
car la peine de vaincre en accroît le plaisir. »

(Jean Bertrand)

khaled