LA GREVE DE LA FAIM CONTINUE DANS LES PRISONS EN TURQUIE


Jusqu’en janvier 2000, les quelque 70 000 prisonniers de Turquie étaient enfermés en dortoirs de plusieurs dizaines de personnes, mais à cette période le gouvernement fit paraître un décret autorisant le transfert des prisonniers vers de nouvelles prisons cellulaires dites de type F.

Jusqu’ici, les dortoirs étaient encore un maigre rempart contre leurs tortionnaires, permettant aux détenus de s’organiser, de s’entraider.

Conscients que la cellule et l’isolement carcéral ne servent qu’à briser psychologiquement les prisonniers, à leur enlever toute volonté de contester, voire de réfléchir en brisant les solidarités, 816 prisonniers politiques se sont mis en grève de la faim en octobre 2000, après la décision gouvernementale d’entamer les transferts vers les prisons de type F.

Après un mois de lutte, devant le refus de dialogue du gouvernement, les prisonniers décident d’entrer en jeûne à mort, en se contentant d’eau sucrée.

Le 19 décembre 2000, les militaires se lancent à l’assaut de 20 prisons, massacrent 28 prisonniers et en blessent des centaines. La réponse du gouvernement turc aux prisonniers est radicale et, comme à son habitude, violente. Les associations de défense des droits de l’homme, des intellectuels, des artistes, des associations de familles de prisonniers ont multiplié les manifestations et initiatives afin d’amener le gouvernement au dialogue ; mais celui-ci se contenta de rejeter toutes les propositions.

Depuis cet assaut, le nombre de morts des suites de la grève de la faim n’a cessé d’augmenter, et la répression contre les familles de prisonniers s’est accentuée.
Une centaine de prisonniers sont aujourd’hui handicapés à vie après la tentative du gouvernement de les nourrir
artificiellement par perfusion et plusieurs dizaines sont toujours en grève de la faim. Malgré cela, le gouvernement turc se refuse encore à dialoguer et a de plus décidé de transférer à terme tous les prisonniers vers ces nouvelles prisons.

La prison est une forme de contrôle social dont le seul but est de mettre hors jeu tous ceux qui rejettent un système politique, et l’isolement carcéral en est l’outil ultime pour briser toute résistance.
Le 10 septembre Hamide Öztürk est le 96e prisonnier à mourir des suites de cette grève. Plusieurs dizaines de prisonniers continuent la lutte.

L’isolement est une torture ! Y mettre fin, c’est se libérer d’une menace qui pèse sur chacun de nous !