Transfert de Marco Camenisch à l’hôpital
universitaire de Zürich pour un IRM à l’abdomen, en juillet 2002

A 14 h 30, je quitte la cellule pour aller au rez-de-chaussée où m’attendent cinq policiers dont deux civils. […] Je demande, dans le cas où on me mettrait des chaînes aux pieds, qu’on me transporte en fauteuil roulant dans les couloirs de l’hôpital. L’agent me dit de ne pas m’inquiéter, ils s’en occuperont. On m’attache les mains dans le dos, on me met une chaîne aux pieds et je comprends, à travers les contacts radio, qu’un dispositif de sécurité bien plus gros que celui qui est visible a été mis en place. Les chaînes aux pieds, je n’arrive pas à monter dans le fourgon, je dois me mettre à genoux et monter comme je peux sur le siège du véhicule. On m’informe que le trajet va durer vingt minutes. L’aération de la cabine ne fonctionne pas. À l’arrivée […], un agent m’apporte la bouteille d’eau qu’il veut me faire boire. Je lui demande qu’il me menotte au moins par-devant. L’agent refuse et dit : « Vous savez comment ça marche. » À cela je réponds : « Bien sûr, je suis en prison depuis plus de douze ans mais jamais avec des chaînes aux pieds et des menottes dans le dos. » L’agent dit : « Vous connaissez très bien votre réputation. » Sur cela, je déclare que ces types d’enchaînement sont des méthodes fascistes, américaines et suisses, humiliantes, pas nécessaires avec un tel déploiement militaire. « C’est ça ou rien », répond l’agent. Je vide donc la bouteille que le deuxième civil tient dans la main. […] Après un certain temps, à 15 h 30, le chef des flics m’informe que nous devons nous rendre à l’examen. Se mettre à genoux est dangereux et douloureux à cause de mon invalidité aux jambes et aux genoux due aux balles reçues. Le chef des flics me communique que malheureusement aucun fauteuil n’est disponible mais que le parcours sera bref. Évidemment, ce n’est pas le cas. […] Les chaînes ne me permettent pas de marcher normalement, je ne peux faire que des tout petits pas. Les bracelets aux chevilles ne me font pas mal. J’avais prévu le coup en enfilant trois paires de chaussettes. Huit agents dont une femme en civil composent l’escorte visible. En radiologie, je demande de nouveau qu’on m’enlève les menottes, ou du moins qu’on me les mette devant, car je dois me coucher sur le dos et faire des torsions pour que l’on m’examine au niveau des reins. En plus cette position ne permet pas une respiration correcte. Je demande au médecin ce qui est nécessaire, il répond que, dans ces conditions, il fera ce qui est possible. Je devrai aussi enlever mon maillot, je fais remarquer qu’il faudra baisser mon pantalon. Et sûrement je ne permettrai à aucun policier de le faire. Mais ici en Suisse, il n’est pas nécessaire de baisser le pantalon. D’abord, j’informe le médecin des pathologies à vérifier : varicocèle gauche, angiome hépatique, néoplasie surrénale droite. « La varicocèle ne me regarde pas. Sur la feuille il y a écrit seulement le rein, mais le foie, je peux », dit le médecin. Je répète pour la deuxième fois que j’ai déjà fait plusieurs fois cet examen sans menottes en Italie, sans quoi il ne peut pas être fait correctement. Le chef des flics dit : « Pas de discussion. » Moi je dis que c’est une saloperie fasciste.Le contrôle dure environ vingt minutes. Le médecin ausculte les organes par le haut et par le côté sur une surface plus petite que lors des contrôles précédents. Les menottes me scient les bras, les mains et le dos. Je me tords de douleur et le médecin me dit de rester tranquille. […] Retour sans aération et trempée de sueur, je pense aux 300 cochons qui sont morts il n’y a pas longtemps à cause d’une aération défectueuse, pas loin de Pfäffikon. Je pense aux saloperies fascistes des flics et de la justice suisses qui sont monnaie courante. Les gardes qui me reçoivent me demandent si j’ai des problèmes. Je leur demande la température extérieure, il fait environ 28 degrés. »

DANGER ADN

Cette affiche circule dans de nombreuses prisons et il paraît que certains matons font pression pour effectuer les prélèvements, même sur des personnes qui n’y sont pas obligées. Cette invitation à se faire ficher ne s’adresse qu’aux personnes condamnées définitivement après le 15 novembre 2001, la loi n’étant pas rétroactive. Tous les condamnés avant le 15 septembre 2002 n’ont aucune obligation de se soumettre au prélèvement ADN en vue du fichage et il ne pourront être ni poursuivis ni pénalisés (normalement).

Pour ceux condamnés après le 15 septembre 2002, l’article 706-56 stipule que le refus de prélèvement ADN pour les condamnés définitifs peut entraîner jusqu’à six mois d’emprisonnement et 7 500 euros d’amende et pour les condamnés pour crime jusqu’à deux ans et 30 000 euros. Après le refus s’ensuit souvent une perquisition où sont prélevés des échantillons (mégots, peigne, brosse à dents, chaussettes…) susceptibles de contenir l’ADN du récalcitrant.

Pour les prévenus, aucun prélèvement n’est obligatoire et aucunes poursuites ne peuvent être engagées mais le magistrat peut faire procéder à une perquisition quand même.