En novembre 1979, un pilône d’une ligne à haute tension est dynamité aux environs de la frontière entre la Suisse et le Liechtenstein. Quelques semaines plus tard, une autre déflagration détruit un pilône de ciment et les transformateurs d’une centrale hydroélectrique à Sarelli en Suisse. En février de la même année ; alors que l’« Initiative antiatomique » fait l’objet de strictes mesures de surveillance, un attentat détruit le « Pavillon du mensonge » construit dans un but de propagande en faveur d’un chantier d’une centrale nucléaire. Les dégâts sont évalués à plus d’un million de francs suisses.
Alors que plusieurs personnes sont arrêtées et qu’une prime de 10 000 francs suisses est offerte pour la capture des auteurs de l’attentat, suite à une délation, des mandats d’arrêt sont émis à l’encontre de René Moser et Marco Camenisch. En janvier 1980, ils sont arrêtés puis condamnés respectivement à sept ans et demi et dix ans de prison.

Extraits de la déclaration de revendication que Camenisch a lue au tribunal cantonal de Coire.
« Paix aux chaumières ! Guerre aux palais !

[...] Je ne tiens pas à démontrer que nous avons agi de façon stratégiquement correcte. Nous avons répondu à la guerre du capital en tant que victimes du capital.
Nous ne reconnaissons pas cette cour asservie à la bourgeoisie capitaliste. Nous affirmons que nous comparaissons afin de ne pas faciliter le rôle de la justice de classe qui nous déclarerait fous, telles des marionnettes dangereuses que l’on ferait disparaître dans des tombes de ciment. Nous ne sommes ni égoïstes ni idéalistes ; nous sommes des êtres humains conscients et critiques, sans l’ambition de passer pour des martyrs ou des héros. Il faudrait des années pour faire la liste entière des délits perpétrés par les vrais criminels, les dictateurs, les politiciens, les capitalistes et leurs esclaves. [...]

Celui qui veut entendre a des oreilles pour écouter, celui qui veut voir a des yeux pour lire et observer ce qui se passe chaque jour dans le monde, celui qui veut penser a un cerveau, celui qui veut comprendre connaît le langage de la vie. Les cadavres vivants comprennent uniquement la langue de l’argent, le langage du pouvoir et des lois. A tous ceux-là, je ne peux que dire : considérant que vous n’écoutez que les canons, que vous ne comprenez d’autres langages, nous préférons retourner les canons contre vous.[...]

Il était une fois la révolution… du capital. Les mots d’ordre étaient : liberté, égalité, fraternité. Il en découlait la liberté… du capital alors que l’appareil du pouvoir, la bureaucratie et la police restèrent intacts afin de préserver leur domination sur le peuple. Je ne sais si le concept même de nation demeura ou s’il fut créé à cette occasion. Quoi qu’il en soit, il a sûrement été l’élément essentiel de la naissance du militarisme. A l’époque, tout comme aujourd’hui, la démocratie parlementaire servait à créer un consensus autour de certaines marionnettes du capital, à asservir les groupes ethniques, sociaux et économiques, à nier l’autonomie et les droits aux minorités. L’élection des gouverneurs par les gouvernés n’est qu’une formalité technique. Le système démocratique, comme tous les systèmes gouvernementaux, se base sur le fait que tant que le travail reste aliénant, c’est-à-dire conçu pour le profit et la gloire des puissants, les activités sociales indispensables à la survie de la société sont exercées uniquement de manière coercitive. Cela signifie que la démocratie restera une fraude tant que la richesse, la propriété privée et la propriété de classe existeront. [...] Celui qui a goûté à la saveur de la liberté et qui l’a choisie comme amante ne se la laissera jamais arracher. Il combattra le signe le plus tangible de la violence que l’homme exerce contre lui et contre la nature : les montagnes d’ordures et de poisons qui contaminent le territoire et nos esprits violentés. Il combattra ceux qui produisent cette ordure et ce poison. »