Depuis le 9 septembre, les prisonniers de plus de 90 prisons, sur les 205 que compte le pays, sont en grève contre leurs
conditions de détention et pour une réforme du Code pénal.
Le mouvement a été lancé par le collectif Papillon, initialement créé pour gérer la bibliothèque de Rebibbia à Rome, qui,
depuis des mois, diffuse un appel à une grève nationale des plateaux pour obtenir la satisfaction de leur plate-forme de
revendications :
– remise de peine généralisée de trois ans (une loi – non appliquée – prévoyait déjà des peines alternatives pour les
condamnations à moins de trois ans et des conditionnelles pour les trois dernières années de la peine) ;
– libération des prisonniers malades ;
– abolition de la condamnation à perpétuité ;
– dépénalisation des délits mineurs ;
– abolition du régime carcéral dur (équivalent du QI) prévu par l’article 41 bis (pour les mafieux) et par l’article 4 bis
(pour les autres) ;
–augmentation du nombre de peines alternatives (surtout les arrêts à domicile) et des possibilités de travail.
Le mouvement s’étend et les moyens de lutte se multiplient : grève des plateaux, manifestations bruyantes, tout le monde tape
sur les barreaux une demi-heure tous les jours, grève de promenade… Dans certaines prisons, la cuisine, la maintenance, les
ateliers, tout est bloqué, de manière permanente ou seulement trois jours par semaine.
L’AP et le ministère craignent la paralysie si le mouvement se généralise parmi les 57 000 prisonniers, dont 11 000 travailleurs.
Au début de la grève 46 établissements adhéraient à la plate-forme, leur nombre a donc doublé en dix jours.
Il y a eu quelques nuits de protestation plus virulentes, notamment à Trieste et à San Remo, avec des incendies de draps et de
journaux, des départs de feu par-ci, par-là et du bordel toute la nuit. Mais les gardes mobiles, postés là au cas où, ne sont
pas intervenus dans les cellules – par crainte d’une émeute ou d’un durcissement du mouvement au niveau national.
L’opposition de gauche met en avant le fait que 30 % des détenus sont séropositifs, 25 % toxicomanes, 56 % immigrés et qu’il y a
surpopulation – 57 000 prisonniers pour 42 000 places. Pour résoudre ce problème, la construction de nouvelles places de prison –
plus modernes – sont en projet, mais les grévistes sont contre, le problème réel étant la longueur des peines et le nombre de
condamnations prononcées.
Le gouvernement parle de remettre en vigueur la loi Taormina qui prévoit « la concession de la remise de peine – limitée à trois
ans pour les peines de détention et à 10 000 E pour les amendes – pour les délits commis avant le 16 septembre 2002. L’article 3
révoque le bénéfice de cette mesure pour ceux qui commettent un délit et sont condamnés à au moins deux ans de prison dans les
cinq ans qui suivent l’émission de la loi ». Mais, devant le non catégorique d’une grande majorité des membres du gouvernement,
on peut penser que, comme en France avec « l’effet Vasseur », une fois l’agitation médiatique un peu apaisée tous les beaux
discours finiront aux oubliettes. Pour l’instant le mouvement ne fléchit pas sur ses revendications et il gagne toujours en
ampleur.