TANT QU’IL Y AURA DES PRISONS IL Y AURA DES ÉVASIONS …


Spéciale dédicace à Véronique Boucard, ex-directrice de la maison d’arrêt de Ploemeur : trois évadés en cinq jours, c’est du rarement vu ! La direction de l’Administration pénitentiaire ne s’y est pas trompée, elle a limogé immédiatement notre « camarade ». Si elle n’avait pas eu un curriculum vitae aussi marqué, nous aurions presque souhaité lui accorder un entretien. Retour sur les faits : le 5 juillet dernier deux prisonniers se sont évadés grâce à des potos qui ont occupé le mirador de surveillance, à l’aide d’une échelle posée sur la guérite, empêchant le maton de service de donner l’alarme, avant de passer une autre échelle par-dessus le mur d’enceinte permettant aux trois compères de se faire la belle. Deux voitures les attendaient à l’extérieur.
Les barrages installés sur les routes n’ont servi à rien. Réussite totale, d’autant plus remarquable qu’elle résulte d’un concours entre l’intérieur et l’extérieur. Quatre jours après, c’est au tour d’un prisonnier seul de se faufiler à travers les murs : il travaillait dans un atelier, et s’est glissé dans un carton qui servait à emballer des cercles en plastique. Des copains ont fermé le carton et l’on recouvert d’un film d’emballage, puis l’ont chargé dans un camion : le surveillant de service n’y a vu que du feu. Le plus comique est que peu de temps après, l’évadé a croisé un maton dans les rues de Quimperlé et que ce dernier n’a pas réagi, pensant qu’il était en permission. Plutôt que d’incriminer un personnel trop laxiste, ou d’attribuer les raisons d’une évasion à une surpopulation carcérale, il suffit de se rappeler que quiconque est enfermé par la force cherchera à sortir, au moins dans ses rêves, tant qu’il lui restera un souffle de vie. Et la longueur des peines prononcées à qui mieux mieux par des tribunaux en plein délire ne fera que renforcer ce réflexe vital. Quant à nous, nous voyons là un joyeux concours de courage, d’amitié et de magie caractéristique à la féérie bretonne…

DE LA CENTRALE DES MOULINS …

Je suis à la centrale de Moulins. Le 12 août moi-même ainsi qu’une vingtaine de détenus avons bloqué la promenade pour protester contre les excès de zèle et les attitudes provocatrices d’une partie du personnel, cautionnés par la direction lors des décisions arbitraires prises au cours des prétoires. Il a été également soulevé le fait que dans cette centrale il n’y a pas de reconnaissance du statut d’indigent et que l’association socioculturelle a été dissoute. Sur la centrale, il n’y a qu’un seul stage de formation professionnelle qui est proposé et qui comporte quinze places. Les conditions de détention sont également intolérables au niveau des parloirs, le cloisonnement des boxes est quasi inexistant et il n’y a pas suffisamment de place pour accueillir toutes les familles, à qui l’on refuse l’accès à l’établissement. L’accès au téléphone est également déplorable. Il consiste en un combiné au milieu du couloir (sans cabine) qui se trouve à deux mètres de la buanderie et à trois mètres des douches, rendant toute communication inaudible. Par la suite, il a été organisé un refus de plateaux pendant trois jours en soutien aux femmes palestiniennes incarcérées qui sont en grêve de la faim.
Le 2 septembre, il y a eu un blocage de promenade pour dénoncer l’attribution quasi inexistante des conditionnelles, l’amputation des grâces et tout ce qui a trait à l’application des peines. Comme la première fois, des CRS sont intervenus vers les 2 heures du matin pour nous réintégrer dans les cellules. Cette fois-ci, nous étions 90 détenus dans les cours de promenade.

 
Lettre à M. Raffin, directeur du CP de Moulins
Nous vous prions d’informer vos supérieurs au ministère de la Justice qu’en solidarité avec nos camarades palestiniennes embastillées dans les geôles sionistes et qui s’étaient mises en grève de la faim afin que cessent l’humiliation permanente et les mauvais traitements dont elles sont l’objet, nous faisons la grève des plateaux pour trois jours. Nous refusons donc de prendre la nourriture offerte par l’administration à partir de ce jour mardi 27 août jusqu’au 29 inclus.