MORT SUSPECT

Le 25 avril 2002, Belgacem Soltani condamné à neuf mois de détention pour « outrage à agent », est retrouvé mort dans sa cellule de la maison d’arrêt de Tarbes. Il avait 19 ans.
L’Administration pénitentiaire a sobrement conclu à un suicide par pendaison. Pour sa famille et tous ceux qui le connaissaient, l’hypothèse d’un suicide paraît impossible. Sa forte personnalité, son état moral ainsi que son temps de réclusion, malgré la dureté du régime qu’il subissait, ne peuvent expliquer un tel acte.
A moins qu’il faille précisément chercher du côté de cette forte personnalité les raisons de ce décès.
Belgacem Soltani avait en effet, à plusieurs reprises, fait l’objet d’intimidations, de menaces et de violences de la part de certains surveillants : quand bien même ceux-ci auraient eu besoin de recourir à la force pour le maîtriser, RIEN ne peut expliquer l’état de son corps. Ce serait, curieusement, à la veille d’un examen médical réclamé par Belgacem Soltani consécutivement à un « accrochage » avec ces gardiens qu’il a été retrouvé mort. Les quelques éléments d’enquête arrachés par la famille Soltani – qui a porté plainte pour « homicide volontaire avec préméditation » et « non-assistance à personne en danger » – au procureur en charge de l’affaire, comportent à tout le moins de bizarres incohérences, et font état, au mieux, de négligences criminelles ; au pire, elles attesteraient de pratiques barbares absolument intolérables et injustifiables dans un Etat prétendument de droit : la torture et l’assassinat.
Pour Belgacem Soltani il est trop tard, bien que sa mémoire soit vivante pour sa famille et ses ami(e)s. Car le crime commis contre Belgacem Soltani est aussi le silence : celui d’associations de défense des droits de l’homme qui, alertées sur sa situation, n’ont pas eu le temps ou pas jugé utile d’enquêter et de dénoncer l’acharnement dont il se disait victime ; celui de médecins qui refusent aujourd’hui de pratiquer une contre-autopsie ; enfin, le nôtre, si nous ne nous mobilisons pas pour que toute la lumière soit faite sur les circonstances précises de ce décès. Sinon, autant dire que la douleur d’une famille qui a perdu son enfant, que la mémoire d’un taulard, d’un jeune, d’un beur, et que la vérité surtout, n’ont aucune valeur aujourd’hui en France.
Le silence est une complicité qui tue une seconde fois.

Ban public

... ET SILENCE ASSASSIN …

Belgacem Soltani était incarcéré, avec une condamnation de neuf mois ferme dont deux mois avec sursis, pour outrage à un agent depuis le 13 janvier à la maison d’arrêt d’Albi. Il a été transféré à la maison d’arrêt de Saint-Sulpice, puis de nouveau transféré le 13 mars à la maison d’arrêt de Saint-Michel suite à un accrochage avec le directeur de la maison d’arrêt de Saint-Sulpice. Après sa comparution ce jour-là au tribunal de Castes pour ces faits, il avait été condamné à quatre mois supplémentaires.
Il a été, une fois de plus, transféré, cette fois, à la maison d’arrêt de Tarbes le 13 avril et il est mort le 25 avril à 19 h 50. Il venait juste d’apprendre sa sortie prochaine, en effet, les peines étant confondues, il était libérable dans un mois, ou dans le courant du mois de mai comme prévu.
L’annonce de son décès (cause : suicide par pendaison) nous a été faite par téléphone, le vendredi 26 avril vers 15 h 30. Une autopsie a été pratiquée le lundi 29 avril et on nous a indiqué à 16 h 30 que son corps était à présent à notre disposition. Nous nous sommes rendues le mardi 30 avril à Tarbes au commissariat pour signer les documents nécessaires et porter plainte, nous sommes aussi allées à la maison d’arrêt afin d’être reçues par le directeur et de récupérer les affaires de Belgacem. Enfin, nous nous sommes rendues à la morgue où nous avons constaté et fait constater sur des photos qu’il portait de nombreuses et graves traces de violences.
Depuis le 2 mai, notre avocat n’a cessé de demander le rapport d’autopsie au substitut du procureur. Nous avons également saisi le doyen des juges d’instruction avec constitution de la partie civile. Nous nous sommes présentées au tribunal de Tarbes le 4 juin afin de demander une nouvelle fois ce rapport ainsi qu’une nouvelle autopsie pour déterminer les causes de la mort.
Ce jour-là, le juge d’instruction s’est saisi de l’affaire, a lancé une commission rogatoire et a ordonné cette contre-expertise qui a eu lieu le 6 juin. Les photos que nous avions prises ont été ajoutées au dossier. Notre souhait est de connaître la vérité des faits réels, car il est troublant qu’un jeune détenu, fou de joie et plein de projets à l’annonce de sa sortie imminente, ait ainsi eu soudainement l’envie de se suicider, et qu’il y soit parvenu dans l’état physique où il se trouvait…
Nous attendons des éclaircissements sur les causes de sa mort que seules les autopsies pourront nous fournir. Nous pourrons, dès lors, aller enfin l’enterrer en Tunisie, près de son père, selon sa volonté. D’autres éléments surprenants et suspicieux sont dans le dossier, et seule l’enquête lèvera le voile sur cette affaire. Nous saurons alors tout ce qui s’est réellement produit.
Nous voulons simplement que la vérité soit établie et que justice soit rendue.

Ban public

...ET SILENCE ASSASSIN

Le 25 avril 2002, Belgacem Soltani condamné à neuf mois de détention pour « outrage à agent », est retrouvé mort dans sa cellule de la maison d’arrêt de Tarbes. Il avait 19 ans.
L’Administration pénitentiaire a sobrement conclu à un suicide par pendaison. Pour sa famille et tous ceux qui le connaissaient, l’hypothèse d’un suicide paraît impossible. Sa forte personnalité, son état moral ainsi que son temps de réclusion, malgré la dureté du régime qu’il subissait, ne peuvent expliquer un tel acte.
A moins qu’il faille précisément chercher du côté de cette forte personnalité les raisons de ce décès.
Belgacem Soltani avait en effet, à plusieurs reprises, fait l’objet d’intimidations, de menaces et de violences de la part de certains surveillants : quand bien même ceux-ci auraient eu besoin de recourir à la force pour le maîtriser, RIEN ne peut expliquer l’état de son corps. Ce serait, curieusement, à la veille d’un examen médical réclamé par Belgacem Soltani consécutivement à un « accrochage » avec ces gardiens qu’il a été retrouvé mort. Les quelques éléments d’enquête arrachés par la famille Soltani – qui a porté plainte pour « homicide volontaire avec préméditation » et « non-assistance à personne en danger » – au procureur en charge de l’affaire, comportent à tout le moins de bizarres incohérences, et font état, au mieux, de négligences criminelles ; au pire, elles attesteraient de pratiques barbares absolument intolérables et injustifiables dans un Etat prétendument de droit : la torture et l’assassinat.
Pour Belgacem Soltani il est trop tard, bien que sa mémoire soit vivante pour sa famille et ses ami(e)s. Car le crime commis contre Belgacem Soltani est aussi le silence : celui d’associations de défense des droits de l’homme qui, alertées sur sa situation, n’ont pas eu le temps ou pas jugé utile d’enquêter et de dénoncer l’acharnement dont il se disait victime ; celui de médecins qui refusent aujourd’hui de pratiquer une contre-autopsie ; enfin, le nôtre, si nous ne nous mobilisons pas pour que toute la lumière soit faite sur les circonstances précises de ce décès. Sinon, autant dire que la douleur d’une famille qui a perdu son enfant, que la mémoire d’un taulard, d’un jeune, d’un beur, et que la vérité surtout, n’ont aucune valeur aujourd’hui en France.
Le silence est une complicité qui tue une seconde fois.

Famille SOLTANI