Tout d’abord, je me présente : Sofian, captif de la République française au titre de membre d’une association de « malfaiteurs » organisée en vue d’une entreprise terroriste.
Mon arrestation a été très médiatisée et beaucoup de mensonges et de contrevérités ont été distillés par les divers médias. Je suis innocent pour ce qui m’est reproché et mon arrestation est un lynchage politique international pour tenter de dédramatiser (au sens étymologique du terme) la situation après les actions menées le 11 septembre aux Etats-Unis d’Amérique.
Une instruction est suivie par les deux plus grandes crapules des magistrats français, JLB et JFR (les deux Texas Rangers de la justice française).
Je sais parfaitement que vos convictions religieuses et/ou politiques sont très différentes des miennes, cependant je partage un bon nombre de vos analyses concernant le système juridico-pénitentiaire français.
Je ne suis pas un individu qui a l’habitude de se plaindre, bien au contraire, j’ai une grande pudeur concernant les atteintes qui peuvent me toucher. Mon intention réside dans le fait de témoigner d’un régime juridico-pénitentiaire hypocrite et pervers qui n’est pas digne d’un système qui prétend incarner les droits de l’homme.
Je considère que je suis détenu pour mes convictions religieuses et politiques et me présente comme un prisonnier de guerre. D’une guerre qui ne veut pas s’avouer comme telle contre des hommes partageant les mêmes valeurs et les mêmes objectifs. Ces personnes transcendent les ethnies et les nationalités et n’acceptent pas l’ordre mondial établi par les puissances coloniales et néocoloniales qui ont bâti leur puissance sur les décombres de l’Empire ottoman dont la destruction était le véritable but de la Première Guerre mondiale.
J’ai été écroué à la maison d’arrêt de Fresnes (connue pour sa teinte extrémiste de droite). Ce choix n’est d’ailleurs pas innocent de la part des deux compères, leur but non avoué était de punir mon mutisme intriguant. Je suis détenu primaire.
Pendant que tout le monde suivait la psychose entretenue après les attentats et la première guerre du troisième millénaire, je vivais un véritable calvaire dans les geôles du QI de Fresnes. Pour résumer, j’ai été le défouloir à portée de main de tous les matons fascisants qui se déchargeait de leur haine et de leurs frustrations quotidiennes sur quelqu’un qui avait été présenté par les médias comme un terroriste.
J’ai eu droit à diverses sortes de brimades et de comportements xénophobes et antireligieux à mon encontre. L’équipe du QI a compris que la seule chose susceptible de m’atteindre était de s’en prendre à ma religion. Alors les matons ont fait monter la pression jusqu’à ce que j’en cogne un, que j’ai malheureusement raté, suite à une énième provocation, qui a consisté à profaner mon exemplaire du Coran et à me dire après que j’avais émis des protestations : « Si tu n’es pas content, écris une lettre à ton bon Dieu. » Cela en plein mois de ramadan et malgré toutes les injustices flagrantes (distributions des repas, douches, rétention d’objets religieux, suppression arbitraire des promenades…) que je subissais, et auxquelles je ne réagissais pas car cela ne me touchait pas, ayant moi-même connu des conditions bien plus spartiates dans le passé. Suite à cette provocation, j’ai pris trente jours de QD parce qu’un maton avait totalement falsifié le déroulement des événements en déclarant que c’était moi qui l’avais insulté en le traitant de catholique de merde et l’avait agressé. J’ai bien sûr réfuté cette version des choses mais cela ne m’a pas empêché d’aller au mitard injustement. À cette époque le mitard était situé au QI car le vrai mitard était en travaux. Je n’ai donc eu qu’à traverser le couloir pour regagner ma nouvelle « chambrée » et, ironie du sort (un petit peu forcée par la haine anti-bougnoul des matons), une minute exactement avant la rupture du dixième jour du mois de ramadan. Je n’ai pas pu rompre mon jeûne immédiatement et il a fallu que j’attende que ces rats d’égout daignent me donner quelque chose à manger.
Montée de pression, cendre de cigarette dans la « gamelle » et sur les draps, sucrage des promenades, douches glacées en plein hiver, nuits blanches forcées… Au bout de quelques jours, tous les punis, nous avons décidé de rompre la glace. Jets de la gamelle du midi dans le couloir : pas de réaction de la direction à part le bla-bla de circonstance ; casse de la cellule (sanitaire, fenêtre, enfin tout ce qui était cassable) : intervention en déguisement de CRS réformé, changement de cellule pour les « leaders naturels » (moi et un poteau basque) ; recasse de cellule, incendie de cellule pour moi – mon poteau étant malheureusement asthmatique. Après une nuit quasiment à la belle étoile, intervention musclée pour nous amener au vrai mitard – celui qui est encore en travaux. Inauguration du mitard en cours de « rénovation », fouille intégrale plus brimades en tout genre devant une quinzaine de matons avec l’œil teinté de la flamme du FN. Dénudés à à peine dix degrés.
Voilà nos nouvelles geôles, qui n’ont rien à envier aux cachots du Moyen Âge, à part un lit pliable.
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