LES SYNDICATS SONT DES AMIS! ILS N'ONT JAMAIS TRAHIS...

Qu’est-ce qui se cache derrière ce « Tous ensemble, tous ensemble » sorti du mouvement de 1995 et repris partout jusque dans les stades de foot ? S’agit-il comme bon nombre avaient cru le comprendre à l’origine d’un « tous ensemble » contre le capitalisme, contre ce gouvernement de corrompus et de nantis, contre l’égoïsme et l’individualisme ? Derrière ce slogan existait la volonté de tenter de reconstituer le prolétariat, une classe antagonique pour mettre à bas les possédants et construire une société sans classe, sans argent, sans pouvoir, sans état… sans prison. Ou s’agit-il comme certains faits le corroborent d’un « tous ensemble » national, intègre, garanti contre les autres, les précaires, chômeurs, immigrés, prisonniers, délinquants, ayant pour objectif la défense de ses intérêts (salaire/pavillon) avec ce regard condescendant sur les fainéants, les pauvres, les perdants, les inaptes, les sauvageons… qu’il s’agit de faire taire ou d’aider à se réinsérer.
« Luttez gagnant, luttez sécuritaire ». Depuis quelques années, l’État enjoint ses fonctionnaires à collaborer aux missions de contrôle et de répression. De circulaires en notes internes, l’État brouille volontairement les cartes, confondant répression et éducation, service public et service de contrôle. L’État cède assez habilement sur les revendications sécuritaires (plus de flics, plus de prisons…) et reste sourd aux autres (plus de profs, de guichetiers à La Poste, de conducteurs de bus…).
Ces derniers mois, des évasions ou tentatives d’évasion ont été réalisées dans des hôpitaux, maillons faibles de la chaîne ultrasécuritaire qui enserre le prisonnier, mais aussi lieu de soins où s’échouent des hommes et des femmes de plus en plus malades de la prison, de la misère. Au risque de renforcer leur exclusion, le personnel soignant a la responsabilité de proposer à chaque usager la même écoute, la même qualité de soins (même si de fortes inégalités existent déjà entre hôpitaux privés et publics, entre riches et pauvres), d’assumer sa fonction et ses serments, de combattre ses peurs et ses a priori en garantissant le secret médical à chacun, en privilégiant toujours l’intérêt du malade sur celui de l’Administration pénitentiaire ou du ministère de l’Intérieur.
Que des personnes aient, dans le vif de l’action, peur face à une arme est une chose compréhensible. Mais que des syndicats de santé donnant une réponse collective et politique décident de rejeter une partie de la population est inquiétant et témoigne de l’évolution du délire sécuritaire dans l’ensemble du corps social.