EXTRAIT
(Saint-Maur)

Depuis mon arrivée de Saint-Maur, j’étais maintenu en otage au QI et, bien à ma sortie du quartier disciplinaire, on m’a notifié ma levé d’isolement, ça m’a coûté un peu de cachot en « rab ». J’en suis sorti à 12 heures, car voyez-vous, du coup, le directeur Barate, de Fleury, que j’ai jamais vu d’ailleurs, directeur fantôme qui montre sa tête à la camisole cathodique (télé) pour dire des conneries, ne savait pas où placer le virus ! Comment expliquer : je suis arrivé le 13 février, étiqueté, comme la plupart des déportés de Saint-Mort, détenu dangereux. Pour ce motif, certains d’entre nous se sont vus placer dans des quartiers de haute sécurité qu’ils masquent sous le nom d’« isolement ». Aujourd’hui, trois mois et demi après, l’AP juge que je ne suis pas celui qu’ils pensaient que j’étais, un détenu dangereux qui pourrait déstabiliser la sécurité de la détention : me voilà donc de retour en détention, que pouvons-nous comprendre dans cette démarche ?

Déjà, nous avons la preuve que la déportation n’était pas vraiment fondée, encore moins les motifs de mesure de placement dans les QHS : pas fondé mais, en plus, mensonger. Voilà que se confirme ma théorie, la nôtre. Cela a été fait pour alimenter la prétendue insécurité qui règne dans les prisons de la République. En pleine élection en plus, c’est pas innocent. Les syndicats savent quand frapper pour justifier la construction de leurs pénitenciers haute sécurité, où ils sèmeront sans être inquiétés le désespoir, leur nouveau mouroir, putain de trou noir…

Fournir des justifications, rien de plus simple pour l’AP. Une dizaine de mecs bien ciblés, pour la plupart déjà condamnés par la « justice » pour des actes de rébellion, émeute, bris de prison et ça passe comme une lettre à la poste pour les ministères, et comme une « balle » dans un corps pour nous qui avons été les « pions » du système, qui ne cesse de vouloir nous abîmer. Normal que la haine ne cesse de nous animer, la rage, de nous habiter, là, dans nos cages, avec cette souffrance, face à l’impuissance devant cette administration qui est celle de la pénitence. À la merci de ces croque-morts, avec cette impression d’être même pas… rien !

Je vous ai écoutés ce soir, un mois sans vous, on peut dire que vous m’avez manqué. Dommage qu’on ne soit pas plus nombreux à vous écouter. Je voudrais dire à la « sœur » qui a perdu son frère au cachot que, dans la vie, il n’y a point de hasard et, oui, ton frère ne sera pas mort en vain, il est pour nous un martyr de la lutte que nous devons mener devant ces bourreaux des temps modernes. Les mitards archaïques et barbares ! Bien sûr qu’il faut les abolir, ainsi que les QHS. Trente jours j’viens de me faire, gratuits, pitance jetée sous une grille, à terre, deux voire une douche par semaine, un mois à rester dans les mêmes vêtements, pas de vêtements de rechange sous prétexte que le stock de change prévu à cet effet était épuisé. J’ai donc demandé à avoir mes affaires personnelles, qu’on m’a strictement refusées car, d’après eux, rien ne devait m’être donné qui pourrait faciliter mon évasion.

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