VALENCE, PRIVER DE LIBERTE POUR ENGRAISSER LES PRIVILEGES.
nouvelles prisons

L’agglomération valentinoise fait partie d’un vaste programme de construction de 8 000 places supplémentaires de prison à l’échelle nationale, un centre de détention (1) et une maison d’arrêt sont prévus (400 places), pour parfaire le quadrillage sécuritaire.La propagation de l’idée d’insécurité avait été contredite par un intervenant (2), à un débat de l’association Arapège en novembre 2001, qui constatait une diminution du nombre de prisonniers. Cette affirmation fut aussi appuyée par un autre intervenant (3) lors de la semaine « Regard sur la prison » qui a eu lieu au mois de mai et début juin dans deux des cinémas de la ville. Pourtant la surpopulation de la maison d’arrêt de Valence est très importante, 230 détenus au lieu de 120. Une piste de réflexion nous a été donnée par un représentant CGT de l’Administration pénitentiaire, qui a pu constater que, dès le mois de juin 2001, les maisons d’arrêt et les prisons en général avaient vu le nombre de prisonniers augmenter en raison d’un flux d’incarcérations pour de courtes durées (d’un jour à quelques mois, en suspens depuis des années) et que l’administration judiciaire avait décidé de faire purger sur ordre de l’état. Pourquoi ?
Il faut tout d’abord savoir que les prisons construites depuis la loi Chalandon sont des établissements dont la construction a été réalisée par des entreprises privées et l’état a payé leurs travaux ainsi que le fonctionnement de celles-ci, soit une rétribution de 250 francs par jour et par place d’emprisonnement. L’état a payé depuis des années des places alors que celles-ci n’étaient pas occupées.
De plus, ces sociétés se livrent à un véritable racket : elles rationnent les prisonniers au niveau des repas pour les obliger à leur acheter de la nourriture quatre à cinq fois plus cher (cantine) pour arriver à se nourrir. Par ailleurs, la rétribution que l’on alloue aux prisonniers pour leur travail de 300 à 1 500 francs par mois pour trente-cinq heures de travail sans aucun droit social ni de santé est souvent fournie par les sociétés qui gèrent ces mêmes établissements (4).
Ces lieux d’enfermement où la loi pénitentiaire règne sans obstruction ne sont pas non plus des lieux permettant aux individus présents une quelconque réinsertion, un des buts officiels de ces établissements. Au cours des débats qui eurent lieu après la projection des films, les intervenants, dont plusieurs faisaient partie du système pénitentiaire, nous ont fait part des énormes difficultés qu’ils rencontrent pour assurer leur travail. De multiples embûches font que les intervenants travaillent sur le fil du rasoir. Tel intervenant avait commencé un journal avec les détenus, qui a éte censuré par l’Administration, celle-ci a fait pression sur les prisonniers pour qu’ils ne le voient plus pour réaliser l’activité journal. Tel prisonnier participait à un spectacle mais celui-ci n’ayant pas respecté l’ordre pénitentiaire (retard à un retour de permission) le rôle dans la pièce de théâtre qu’il avait répété des mois lui était retiré, telle fête réalisée par des bénévoles est interdite à de nombreux prisonniers sous prétexte de surpopulation alors que les bénévoles la préparaient avec de nombreux prisonniers, quant aux diplômes ou formations, lorsque les prisonniers peuvent en bénéficier, ceux-ci sont soumis à la loi du casier judiciaire, qui fait qu’ils ne peuvent trouver du travail qu’au rabais, la plupart des secteurs d’activité leur sont inaccessibles (administration, informatique) et ceci fait des anciens prisonniers des individus à la merci de la charité patronale.
Comme disait un des anciens procureurs de Valence, Georges Appap : « Pour que cela change, il faudrait une révolution », il faisait sûrement référence à la prise de la Bastille.
Sur la question des nouvelles prisons, un véritable débat doit avoir lieu, alors que la décision a été prise par les autorités depuis le mois de mars.
Les prisonniers et leur famille mais aussi l’ensemble de la population sont concernés par cette nouvelle implantation et par les nombreuses questions qu’elle soulève.
« Pour la construction des centrales nucléaires nous avons pu en débattre, là, même pas, alors que c’est aussi important. »


Collectif solidarité prisonniers (5).
8, place Saint-Jean
c/o le Laboratoire 26000 Valence


(1) Le terme de « détention » est utilisé d’une façon constante actuellement, ainsi que celui de « détenu », mais l’acte de détenir ne s’apparente qu’aux objets, nous n’utiliserons plus ces termes afin de conserver aux prisonniers leur statut d’êtres vivants.
(2) Directeur de la prison de Caen et rapporteur auprès du ministre de la Justice en novembre 2001.
(3) Charlie Bauer : chiffre du grand banditisme en diminution de 5 % à 3 %.
(4) La France a été condamnée par le BIT en 1998 pour non-respect de la législation sur le travail.
(5) émission de radio du Collectif solidarité prisonniers tous les 3e lundi de chaque mois sur Radio Mega 99.2 de 17 h à 18 h.