LA PRISON TUE PHYSIQUEMENT, MORALEMENT ET SOCIALEMENT
(sécurité super star)

C’est derrière cette banderole qu’une quarantaine de personnes ont accompagné la famille Soltani à Tarbes le 8 juin sous une pluie battante, pour une manifestation. Dans une ville de garnison où la plupart des habitants ne connaissent même pas l’existence de la maison d’arrêt, ça a été l’occasion de briser le mur de silence qui régit toute mort carcérale.
En ce moment, le juge d’instruction part en vacances sans avoir communiqué les résultats de la deuxième autopsie, sans doute pour que la famille s’épuise, se désespère ou ne puisse plus payer les frais de la morgue.
Mais personne ne veut lâcher l’affaire. Le samedi 15, il y a une soirée de soutien à la famille au « Clandé » (squat toulousain) et une autre manif est prévue à Castres (ville d’origine de Belgacem Soltani)… On vous tient au courant.
Bien entendu, toute ressemblance avec la dernière affaire de Grasse ou avec bien d’autres n’est ni fortuite ni involontaire.
…Et nous détruirons les prisons..
Les filles de l’air.

Belgacem Soltani serait mort le jeudi 25 avril à la maison d’arrêt de Tarbes. Aucun secours n’est intervenu, seule la constatation du décès a été faite par un médecin de l’UCSA et son corps a été transféré ce jour-là à la morgue de l’hôpital de Tarbes.

Une autopsie a été pratiquée le lundi 29 avril,, le substitut du procureur, M. Boiron, au parquet de Tarbes, a déclaré dès cet après-midi là avoir tous les résultats. Malgré nos appels, nos demandes pour le rencontrer, malgré les démarches faites dans ce sens par notre avocat, il nous évite et nous n’avons toujours pas les résultats. L’OIP ainsi que des associations ont fait de même mais toujours sans réponse.

Nous avons vu Belgacem le 30 avril et avons pu constater qu’il avait été battu, à la limite de la torture et cela a confirmé ce que nous savions déjà : il a été assassiné. Nous avons fait ce qu’il fallait pour garder traces de ces violences. Nous sommes retournés le voir le 2 mai, son corps avait déjà été retouché afin de faire disparaître certaines bosses, fort heureusement nous avions fait le nécessaire, mais cela nous inquiète fortement sur ce qui pourrait advenir…
Cela fait trente-trois jours que nous attendons, nous avons fait toutes les démarches légales nécessaires, un juge d’instruction a été saisi, mais toujours pas de réponse, toujours pas de rapport d’autopsie ! Quand pourra-t-on enfin aller l’enterrer près de son père en Tunisie selon sa volonté ? N’a-t-il pas assez souffert, assez subi, n’a-t-il pas le droit de reposer en paix ? C’est une obligation légale de nous transmettre cette autopsie, cela fait un mois qu’elle a été pratiquée, sans elle nous ne pouvons être fixés sur la nécessité d’une contre-expertise et c’est pour cette raison que l’on ne peut aller l’enterrer en Tunisie, car cela serait quasiment impossible à faire, et cela ils le savent…

Voilà pourquoi nous envisageons plus que sérieusement d’aller sur place, au tribunal de Tarbes, demander une fois de plus cette autopsie. Pensent-ils que parce que c’est à plus de trois cents kilomètres de chez nous que nous ne nous déplacerons pas et accepterons le lavage de l’imam de Tarbes et sa mise en cercueil sous scellés ? Le consulat tunisien se charge de cela. Il restera là-bas jusqu’à ce que nous ayons ce rapport, et nous, nous y resterons aussi, sa famille, ses amis, tous ses proches et ceux qui sont prêts à nous rejoindre, ceux qui croient aux droits de l’homme, aux respects des valeurs humanistes, ceux qui croient en la vérité et en la justice. Car justice doit être rendue, la vérité, elle, est déjà connue.
Nous sommes tous déterminés et nous nous battrons pour Belgacem. Nous ne baisserons pas les bras, jamais, quel que soit le temps que ça prenne.

Famille Soltani