LES DEPORTES DE SAINT-MAUR (SUITE)


Collectif de détenus
2e div.
Maison d’arrêt
94261 Fresnes


Monsieur,


Nous, collectif de détenus, actuellement incarcérés à Fresnes, souhaiterions porter témoignage des basses œuvres auxquelles se sont de nouveau livrés les sbires gestapistes de l’Administration pénitentiaire.
De même que nous souhaiterions rendre un très vif hommage à notre ami Pedron Christophe, pour le courage et la détermination sans faille dont il a fait preuve face à la gent pénitentiaire, ainsi que face au GIPN lors de leur intervention ce jour, ici même.

Les faits ont commencé à la centrale de Saint-Maur : fidèles à leurs sinistres habitudes, les sbires de la pénitentiaire ont effectué une rafle à 4 heures du matin. Surprenant les détenus dans leur sommeil, ils débarquent en trombe à une dizaine, casqués, armés de boucliers ainsi que de matraques, avec le même équipement que les CRS lors de leurs interventions anti-émeute.

Là, sans qu’aucune explication ne soit donnée, les détenus sont emmenés, violemment menottés dans le dos, les pieds enchaînés, et traînés tout au long des couloirs et escaliers jusqu’au camion de transfert qui attend déjà.
En ce jour de février, les scélérats qui dirigent la centrale de Saint-Maur ont jeté leur dévolu sur une douzaine de détenus, qui, de par leur personnalité, s’avèrent bien encombrants.

Bien que n’ayant officiellement aucun grief à leur reprocher, cet ensemble de détenus, arrivés progressivement durant les quelques mois précédents, semblaient empêcher les gestapistes de dormir sur leurs deux oreilles. Ils décident donc de s’en débarrasser en inventant des motifs tous aussi farfelus les uns que les autres afin de justifier un transfert.

Évidemment, ainsi qu’il en est coutume dans cette mécréante institution, suite à un transfert de ce genre, chacun des détenus concernés fait l’objet d’une mesure d’isolement total pour une période indéterminée.
En ce qui concerne Christophe, celui-ci a refusé de se soumettre à ces mesures scélérates et, contestant très vivement l’état de fait, il a exigé sa sortie du QI de Fresnes. Ce qu’il obtiendra après trois semaines, mais non sans que, une fois encore, un surveillant particulièrement pervers se permette, voulant ainsi exalter son refoulement névrotique à tendance homosexuelle, de se livrer sur lui à des attouchements sans aucune équivoque. Cela a donné lieu à de vives altercations et ; dans un souci très nettement affiché de vouloir étouffer les faits, la direction a estimé préférable de procéder à la levée de la mesure d’isolement.
N’ayant rien à faire dans une maison d’arrêt, Christophe a réclamé à de multiples reprises son affectation dans un établissement pour peines dans les meilleurs délais.

Le ministère des Infâmes lui a fait savoir qu’il serait réaffecté à Moulins, mais pas avant d’avoir effectué une période de transition en maison d’arrêt à titre de punition. Ce qui situerait son transfert éventuellement vers juin.
N’ayant à la base aucun motif à être puni, Christophe refuse cette mesure, et en avertit le directeur de Fresnes, accordant toutefois dix jours à ces entités administratives pour qu’elles révisent leur position. Le dixième jour, n’obtenant aucune réponse, si ce n’est un encadrement particulièrement serré, à savoir d’être escorté par une troupe de surveillants et gradés au moindre de ses déplacements : promenades et douches.
Néanmoins fidèle à sa détermination, et malgré l’escorte musclée l’encadrant, ce jour à 14 h 30, Christophe, à l’occasion d’un déplacement pour la promenade, est très brillamment parvenu à escalader une grille protégée par un fatras de barbelés et à se hisser sur les toits, faisant ainsi la nique à la gent pénitentiaire censée prévenir ce genre d’opération, et qui pourtant est restée médusée, sans réaction.
Il aura fallu l’intervention du GIPN pour qu’au terme de plusieurs heures de résistance, dont deux face aux cagoulards de la police, il soit capturé et emmené au cachot.

Nous rendons hommage à son courage en espérant que, en lisant ces lignes, d’autres détenus, tout comme lui, sauront se battre et en imposer à ces gratte-papiers qui se cachent dans leur bureau, que ce soit dans les ministères ou autres… Que la pénitentiaire sache qu’elle n’a pas affaire qu’à des détenus soumis !

PS : Christophe est en train de purger 45 jours de mitard.

Marc