LA BUANDERIE
Le 25 mars 2002

Le 29 mars 2002, Je vous écris ce courrier pour expliquer comment ça marche au Dl. Alors, voilà un mois qu’on a commencé à la buanderie, et je vais vous raconter un peu comment ça se passe.
Déjà, on est payés 7 euros pour 6 heures par jour alors qu’on devrait être payés au moins 10 euros. La buanderie est tenue par une boîte privée qui s’appelle la Somesca. Le chef s’appelle Giovanni, c’est une vraie N~M, il nous prend pour des chiens : pour aller aux toilettes, il faut lui demander la clef, il marque notre nom sur un calepin et il marque combien de temps on y reste. La douche, on l’a deux fois par semaine : dix minutes, pas une de plus. Pour travailler, on est obligé de mettre une cotte orange, on se croirait en Amérique, alors qu’on pourrait travailler avec nos bleus. Je vous demande si vous pouvez faire quelque chose. Nous, on peut faire une grève : qu’est-ce qu’on risque si on le fait ?


D1 de Fleury-Mérogis

Le 9 avril 2002
Je vous refais un deuxième courrier pour vous parler de ma journée de travail d’hier à la buanderie, société tenue par la ~MD de Somesca. Alors déjà, pour nous emmener du bâtiment au travail, il y a un surveillant qui est bourré comme un coing, il pèse 140 kilos.
On ne peut pas faire une grève car on est 35 détenus à travailler. Sur les 35, on n’est que 3 à vouloir la faire cette grève. Pour aller à la buanderie, on passe dans un couloir qu’on appelle le « couloir de la mort » : il faut qu’on longe les murs, s’il y a un détenu qui parle et que le gros surveillant l’entend, il retourne en cellule de suite, c’est dégueulasse, ce n’est pas normal, il faut qu’on fasse quelque chose. On est obligé de mettre des vestes de bleu de travail avec les boutons attachés jusqu’en haut et il y a une dizaine de jours on a eu des nouveaux maillots, ils sont de couleur noire alors qu’avant on en avait des blancs et avec les noirs on va avoir très chaud. Ils ont dû le faire exprès : la chaleur arrive et ces fameux maillots, ils sont lavés, mais quand il y a des centaines de détenus qui prennent leur douche et qui, au lieu de le faire avec les serviettes, s’essuient avec les maillots qu’on remet après, c’est dégueulasse, on peut attraper des maladies, des boutons, etc. Ma visiteuse de prison est venue me voir, c’était un jeudi, elle est arrivée à 14 h. La surveillante de l’aile est venue me chercher à 15 h 10: quand je suis arrivé au parloir, ma visiteuse était partie, elle est partie car elle m’a attendu pendant une heure. Vous savez, les surveillantes, elles ne peuvent pas être en train de se faire N+! ou de ~MD les chefs et venir nous chercher au travail pour notre parloir. Alors je compte sur vous pour faire quelque chose car nous, nous n’en avons pas les moyens. à bientôt.


D1 de Fleury-Mérogis