J'ACCUSE!

J’accuse le gouvernement
Non pas d’abus de pouvoir
Mais d’avoir ce pouvoir
De nous acculer ainsi à la précarité
De nous faire accepter des boulots mal payés
Où la valeur de l’être humain est niée.

Pour mieux nous aliéner...
De nous contraindre à travailler
Sans mobiliser tout ce que l’on est
C’est-à-dire sans avoir à penser
Pour mieux nous humilier...

J’accuse tous les Puissants
De nous laisser nous entre-tuer
Pour des miettes
De nous contraindre à les accepter
Sans rechigner...
Sous peine d’être condamnés
Et enfermés
Si jamais l’on tentait
D’échapper à ce sort infâme...
De dénoncer ce qui se trame
En haut lieu, à l’abri des regards
Car vos attitudes barbares
Sont les seules véritablement
condamnables,
D’opprimer le peuple vous êtes
coupables !
Cette routine est inacceptable !
Ne vous croyez pas intouchables !...
J’accuse tous ces croque-mitaines
Et leur volonté dissimulée,
Camouflée par de grandes idées
Démocratiques ou républicaines,
Leur volonté dissimulée,
Leur objectif inavoué
De nous ôter toute passion
Au nom de la raison...
De compter sur la soumission
D’une masse de moutons
Mais notre génération
Refuse la comparaison
Avec celle de nos parents
Nous sommes bien décidés
À ne pas leur ressembler
Parce que vous ne les avez pas respectés !
Nous sommes bien décidés à les venger !
Parce qu’ils ont encaissé sans broncher
C’est à nous de nous réapproprier
Tout ce que vous leur avez volé
Tous leurs espoirs et leurs projets..

J’accuse les dirigeants
D’avoir brisé leurs rêves,
Ils ont trimé sans trêve !
Pour construire votre empire,
Aucun scrupule à les trahir.
Et aujourd’hui vous vous efforcez
Encore et toujours de les démolir...
Arrêtez de les désespérer
En privant la jeunesse d’avenir
Nous refusons le sort qui nous est réservé,
La domination et puis l’exploitation
Même si vous vous acharnez
À nous jeter en prison
Pour toutes ces raisons !
Qu’on ne s’en sorte jamais
Vous ferait tellement plaisir
Ça me donne envie d’vomir !

Ah cette bonne vieille solitude
Et leurs putains de certitudes
M’écoeurent,
Autant que
Le déshonneur
Pèse sur eux,
Hommes sans cœur,
Nous vous l’arracherons
Comme des lions !

J’accuse les magistrats
De perpétrer en toute légalité
Un génocide qualifié
Chez les jeunes des cités…
De priver de liberté
Tous les « petits sauvageons »
Et d’en remplir vos prisons
C’est cela la prévention ?!
Pas de place pour eux
Dans votre bonne vieille société
Vous l’avez bel et bien décrété !
Vous êtes tellement soucieux
De la sécurité des biens
Mais si peu des êtres humains !

J’accuse les Procs, les Juges
De nier les responsabilités
De l’ensemble de la société,
De sans cesse mettre en avant
La responsabilité individuelle…
Nouveau concept pour nous couper les ailes !
Mais pour quelle raison
Les jeunes des quartiers
– toujours les mêmes qui sont ciblés –
Paraissent fatalement destinés
À croupir dans vos prisons ?!

J’accuse les autorités
De faire de la contention
Halte à la rébellion !
Pour contrôler la situation
Pour amener la soumission
De familles entières,
Les faire culpabiliser
Pour obtenir la paix
Sociale dans ces terres
Et vaincre les irréductibles guerriers
De ces (trop) nombreuses cités dépravées...

J’accuse les matons et les keufs
D’être les gardiens du système
De vivre sur la souffrance,
Les positions et les problèmes
D’une partie de la France…
De n’être là 35 h par semaine
Que pour la sécurité de l’emploi
Sans même prendre la peine
De se demander pourquoi
Est-ce qu’on nous enchaîne ?

J’accuse les membres de l’AP
De nous provoquer
Pour mieux réprimer,
De nous chercher
Pour mieux opprimer,
De tabasser
Pour nous « maîtriser »,
De nous casser
Pour nous empêcher d’avancer…
Tout cela en toute impunité ?!

J’accuse ces esprits étroits,
Lobotomisés,
D’avoir tous les droits…
Quelle opportunité !
Aucune réflexion,
Que des actions
Réglées auparavant
Consignées bêtement…

J’accuse ces pantins
De s’abriter derrière leur hiérarchie
Et d’absurdes règlements
Pour toujours plus de mesquineries,
Autant de mépris et d’hypocrisie !
Elle est belle la démocratie !

J’accuse la lâcheté de ces pions
Leur bêtise et leur corruption,
Enfermés, aveuglés
Par leur statut protégé,
Par leur ignoble métier,
Quel plaisir de dominer,
Ceux qui ont les mains liées !
D’où la nécessité
Pour nous de nous allier !