PROMENADE

De retour à la civilisation pourrait-on dire, sauf que la prison en est certainement l’expression la plus barbare…
Tout de même, pas autant que le mitard !
Et voilà un p’tit coup d’crayon …
En provenance du ballon,
Des mots à foison pour soulever la chape de plomb,
Qui pèse sur la zonzon !
Ainsi j’ai fait une petite réserve de munitions…

Le stylo est donc chargé… Assez pour relater les quelques événements intéressants survenus ces derniers temps !

En fait, tout a commencé il y a un an, un mouvement pour moins d’isolement, plus de temps de promenade le week-end au moins (la semaine c’est une heure par jour et, avec le boulot et diverses activités, c’est compliqué pour l’augmenter), donc une dizaine de lettres envoyées à la direction, au moment où les femmes basques ont fait leur mouvement si vous vous rappelez…

C’était en mai 2001 et je suis sortie en septembre, à cette date les promesses de la directrice n’avaient pas (encore !) abouti, à chaque audience elle nous disait de patienter, qu’elle « négociait » avec ses supérieurs, que les choses allaient bouger dans le bon sens, fallait rester calme, etc.

Cette année, rebelote, le 21 avril : refus de remonter de promenade, à six meufs (dont deux sortaient le lendemain, Dalila et Aïcha), après dix minutes on a décidé, d’un commun accord, de remonter et de protester « légalement », c’est-à-dire par l’écrit pour commencer…

Donc celle-là, c’est la lettre que j’ai adressée à la direction le lendemain du premier mouvement, faut savoir qu’ils en ont reçus une dizaine dans cet esprit-là (même revendication), toujours pour contourner l’interdit concernant les pétitions.

Suite à ça, la direction a reçu la dizaine d’entre nous ayant écrit, nous demandant à toutes de patienter, qu’ils s’en occupaient… Deux semaines après, toujours rien…
Là on est trois ou quatre à avoir été reçues, on nous a dit d’attendre encore une ou deux semaines parce que prolonger la durée des promenades à la MAF ne leur posait pas trop de problèmes mais, s’il nous l’accordait, ils devaient l’accorder aussi aux hommes en face et là c’était autrement plus compliqué à mettre en place…
Soit ! Mais nous trois avec Kate et Chris on en a eu marre d’attendre ! Surtout que je pensais que si on continuait à leur demander les choses « gentiment » ils ne nous prendraient pas au sérieux, comme d’hab’ ils allaient nous mettre dans le vent alors comme un ouragan…

Nous, on a refusé de réintégrer nos cellules en fin de promenade le samedi 11 mai, on devait être plus nombreuses que les places de mitard dispos (cinq), c’était le plan, à la base ! On serait trop pour la répression ! Les choses ont tourné autrement. Bon, déjà, il pleuvait comme vache qui pisse donc la moitié des filles sont pas sorties en promenade et voilà, quoi, si on attend qu’il fasse beau pour bouger notre cul ben on a pas fini d’attendre puisqu’on est quand même à Paris… Où tout est gris !

Mais nous avons subi la répression, évidemment !
Mitard-prévention l’après-midi même et, lors de la commission, dix jours ferme pour moi, deux pour les autres. Alors comme on a entamé une grève de la faim à trois, je l’ai poursuivie seule pendant le reste du temps et j’ai dû faire une lettre, comme il se doit pour toute « grève de la faim ». La voilà (j’l’ai tapée en sortant du mitard évidemment !).
(Voir encadré.)

Faut bien voir aussi que quand j’étais au tarmi, l’AP a tenté de déstabiliser mes deux acolytes en leur faisant croire que j’étais une balance, etc. Heureusement, les deux potes me connaissent donc ça n’a pas marché !
Quant à moi, j’ai eu droit à diverses mesquineries (produit orange « renversé » malencontreusement sur la majorité de mes sapes : elles ont fait mon paquetage à leur manière quoi…)

Les matonnes ont aussi demandé aux autres détenues si on n’avait pas essayé de les entraîner dans notre mouvement, si on avait « fait pression » pour qu’elles se mutinent aussi… Toutes ces tentatives ont échoué bien sûr !
Sinon ce matin, le lundi 27 mai 2002, on a pas eu le petit dèj’… « Blocage », nous dit-on, et finalement je viens d’apprendre qu’en hommage au maton blessé les matons protestaient devant la prison !

C’est donc le « triste » anniversaire de la tentative d’évasion des bonshommes… de Fresnes ! qui les met dans un tel état, ha ha… !

Sinon Kate, Victoria et moi avons enfin reçu L’Envolée nÞ5 après avoir « harcelé » la direction, le ministère a fini par donner l’autorisation !
Youpi ! Et à bientôt !
Bises à tous !

Un spéciale pour Fathi et ses poteaux et les gars de l’hélico !

Audrey