Dans la nuit du 31 décembre au 1er janvier, un « groupe de personnes » s’est rendu devant le centre pénitentiaire de Loos-les-Lille plutôt que de boire du champagne dans la chaleur de leurs appartements. Un feu d’artifice et des fumigènes ont été allumés à une centaine de mètres du mur d’enceinte, des slogans ont été braillés, et le communiqué suivant a été lu, avec des moyens rudimentaires. Seule certitude : ce petit rassemblement n’est pas passé inaperçu à l’intérieur, particulièrement dans une des ailes de la maison d’arrêt. Les cris des détenus résonnaient jusqu’au petit groupe, qui a pris le chemin du retour au bout d’une dizaine de minutes. Nous reproduisons ce communiqué en espérant qu’il parviendra un jour à certains détenus de Loos.

« À tous les taulards, à toutes les taulardes. On est un groupe de personnes venues faire un peu de bruit. Nous n’oublions pas qu’avec ou sans peine de mort officielle, la prison tue. Elle tue par les longues peines, les quartiers d’isolement, le mitard, la censure, les fouilles à corps, la privation affective, la mort lente ! On est venus pour vous dire que toutes les formes de réclusion, en particulier la prison, nous dégoûtent. Pareil pour toutes ses composantes : matons, Administration pénitentiaire, juges ou flics. Nous tenons à manifester notre solidarité, particulièrement en ces périodes de fêtes où la plupart se gavent dans l’indifférence, et nous tenons à répondre aux appels de plusieurs collectifs de détenus en lutte dans les centres de détention et les maisons d’arrêt de France : Ensisheim, Arles, Lannemezan, Fresnes, Poissy. Au problème des prisons, les politiciens répondent par le lancement d’un programme de construction de dizaines de nouvelles taules. Les juges, eux, répondent en allongeant les peines et en refusant d’appliquer les mesures d’aménagement de peine. Dedans, ils vous cassent, mais dehors aussi c’est le tout-répressif qui dirige nos vies. Nous voyons le “ problème des prisons “ autrement : tant qu’il y aura des lois, on refusera de les respecter, tant qu’il y aura des taulards, on sera à leur côtés.