« Légalité
entre les hommes est une règle qui ne compte que des exceptions.
»
Ernest Jaubert
« Selon que vous serez puissant ou misérable. Les jugements
de Cour vous feront blanc ou noir. »
Jean de La Fontaine
Depuis deux ans que vous êtes en
fonction à Nice, vous ne cessez de nous dire, par médias
interposés, que vous avez une conception juste et égalitaire
de la justice
Vous ne cessez également de nous faire part
de vos intentions de vous attaquer aux dysfonctionnements que vous seriez
amené à constater
Vous nous avez dit que vous désireriez remettre de lordre
dans la justice niçoise
Le 1er octobre dernier, jétais interpellé à
mon domicile par des policiers de proximité à la
requête de lun de vos substituts, conformément aux
exigences dune Ligue parisienne, pour des « délits
» dopinion (une bulle datée du 20 septembre, comportant
un commentaire de lactualité !, de religion (musulmane) et
de situation sociale (employé, habitant dune cité)
lesquels mont demblée abreuvé de mots
orduriers, forcé mon domicile : se sont jetés sur moi, mont
menotté, tabassé et torturé à laide
dun cutter et/ou dun objet électrique, mont humilié
et forcé à courir en me conduisant au commissariat distant
de deux cents mètres de mon domicile, les jambes entravées
par mon pantalon qui était tombé et encore tabassé
à lintérieur du commissariat dans le bureau duquel
ils ont aussi tenté de métrangler
Au terme de 48 heures de garde à vue injustifiée, les policiers,
en relation avec le parquet, nont pu qu« établir
» à mon encontre une procédure de « rébellion
»
Pour couvrir les coups et blessures et actes de torture
dont jai été victime de la part des policiers ; et
« justifier » ma mise en garde à vue
Le 10 octobre, je vous adressais une plainte contre ces policiers, accompagnée
dun récit circonstancié des faits ; dun certificat
médical avec 10 jours dITT et des photos de mes blessures
À la suite de quoi, vous avez pris la décision de faire
entendre par lIGS quatre ou cinq des policiers concernés,
lavocat (imposé) qui ma rendu visite et le médecin
qui ma examiné
Deux des policiers ont été entendus
Au sujet de ma
prétendue « rébellion », car aucune question
na porté sur les coups qui mont été donnés,
lun indique que jai tenté de refermer seulement ma
porte
Lautre, que je lui suis apparu (subjectivement) hostile,
et que je me serais débattu
Lavocat précise quil a constaté des traces de
blessures
Et le médecin, dont le rapport est éloquent
à lui seul, na pas été entendu
Le 5 décembre, vous mavisez par lettre ordinaire reçue
ce 8 décembre, cest-à-dire à la veille de comparaître
devant le tribunal correctionnel de Nice, le 10 décembre, pour
y répondre de laccusation policière de « rébellion
», que vous classez ma plainte contre les policiers sans suite ;
du fait que, selon la formule consacrée, « lexamen
de cette procédure na pas démontré lexistence
dune infraction pénale ». Mes tortionnaires se voient
ainsi « providentiellement », à la veille de mon procès,
« lavés » de toute accusation
; afin de pouvoir
mieux se poser en victimes de « lignoble individu »
que je serais
Merci, monsieur le procureur, de mavoir, par là-même,
confirmé ainsi, si besoin était, que des policiers pouvaient
tabasser et torturer des citoyens « de rien » ; en toute «
légalité » et impunité
Et bafouer en
toute « normalité » les valeurs de liberté,
dégalité et de fraternité, fondatrices de la
République, inscrites dans notre Constitution, et figurant sur
tous les frontons !
Daniel-Hedi Milan
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