« Il
faut faire comprendre aux caïds de banlieue qui sortent des commissariats
en faisant des bras dhonneur que la rigolade, cest fini. »
Ces propos
ne sont pas tenus par un Le Pen ou un Pasqua mais par Julien Dray, membre
de
la gauche plurielle, un des fondateurs de SOS Racisme. Cest exactement
ce que
lon appelle une déclaration de guerre. Une guerre de basse
intensité qui sest
donné toutes les armes nécessaires pour son développement
; labrogation quasi
intégrale de la loi sur la présomption dinnocence,
au-delà de ses applications,
donne le feu vert aux soldats du pouvoir (flics, gendarmes, matons, vigiles
)
pour exercer leurs basses uvres assassines sous les ordres de leurs
supérieurs.
Et ils ne sen privent pas ! De Grasse à Vitry, des Mureaux
à Nice, le harcèlement
policier parfois meurtrier sintensifie contre ce quils appellent
la délinquance.
De leur côté, les juges mettent en examen à tour de
bras, remplissant à nouveau
les maisons darrêt, qui sétaient très
momentanément vidées : on aura finalement
délivré autant de mandats de dépôt en 2001
quen 2000 et cela est dû aux seuls
derniers mois de lannée. Et de lavis même dun
président de TGI, le plus grave
nest pas tant les retouches de cette loi que le contexte quelles
instaurent
avant même que les amendements soient votés : « Cest
un grand classique, les
juges anticipent les réformes à venir. » Et cest
bien dun contexte dont il
sagit puisque seulement 7% de ces « caïds de banlieue
» passaient devant un
juge dinstruction, tous les autres étaient jugés en
comparution immédiate :
cest lidée de la nécessité de lexclusion
et de lenfermement quil faut remettre
au goût du jour après avoir tenu pendant quelques mois un
discours plus laxiste
concernant le système carcéral et judiciaire. Quon
ne sy trompe pas, les fonctionnaires et militaires en uniforme obéissent
à des ordres : les responsabilités sont
dans les mains des pouvoirs et de leurs représentants. Cette guerre
nest pas
celle de quelques flics hargneux, mais celle des possédants, celle
des riches
qui ont décidé, avec lassentiment de populations souvent
passives et convaincues,
de balayer, déliminer tous ceux qui pourraient gêner
le bon développement du
profit, et quimportent les dégâts. Et pour ce faire,
ils nhésitent pas à révéler
au grand jour quils se moquent de leurs propres lois, quils
peuvent soit moduler,
soit ignorer à leur convenance : le grand frère américain
donne encore une fois
lexemple en ramenant des prisonniers de guerre dans une de ses bases
cubaines,
histoire de bien faire comprendre que son idéologie des droits
de lhomme, ses
lois démocratiques ne valent que pour ceux qui ont au préalable
accepté tout
son système, pour les autres il ny a aucune règle
à respecter si ce nest de
faire comprendre que le droit, cest inéluctablement celui
du plus fort, et
gare à ceux qui ne laccepteraient pas. Nous sommes daccord
sur un seul point
: il est vraiment grand temps que la peur change de camp !
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