Suite
au meurtre dun jeune de 17 ans, abattu dune rafale impitoyable
par un policier incontrôlable, une manif a été organisée
à linitiative du MIB (Mouvement immigration banlieues). Cet
assassinat a mis un terme à la course-poursuite engagée
contre Moussa Bradey pour un simple vol de voiture et le franchissement
de barrages policiers dans la nuit du 1er au 2 janvier.
Le point de départ de cette marche, qui se voulait pacifique et
digne, fut le quartier des Musiciens où demeurait Moussa. Elle
se poursuivit ensuite dans les quartiers alentour de la célèbre
cité des Mureaux.
La famille de la victime, des mères de famille étaient présentes,
quelques travailleurs sociaux, beaucoup de gamins et de jeunes du quartier
également, mais aussi des jeunes étudiants de Nanterre et
diverses personnes se sentant concernées par cette injustice. Le
relais médiatique (presse, radio et TV) était largement
assuré.
On effectua un arrêt devant la mairie afin de protester symboliquement
contre linaction insupportable des incapables occupants de ces lieux
qui ne veulent pas se donner les moyens de changer les choses et refusent
de condamner clairement ce type dactes. Bien au contraire, dès
quune association de quartier se constitue pour lutter contre le
sort qui leur est réservé, les élus locaux font tout
leur possible pour les empêcher dagir de manière autonome
et leur faire baisser les bras, ne supportant pas lidée que
les classes populaires puissent échapper à leur contrôle
(ce fut le cas du Conseil de familles, association ayant pour objectif
daider les jeunes au niveau scolaire et social, quils ont
privé de local sous de faux prétextes).
La manifestation devait initialement faire une halte devant le commissariat
afin dexprimer la colère ou plutôt la haine engendrée
par les exactions inacceptables commises par les intolérables occupants
de ces lieux, mais celle-ci fut finalement annulée en cours de
route car, en dépit du fait que les « grands frères
et surs » du MIB aient clamé : « on vous aime
vraiment, on croit en vous, contrairement à tous les médisants
qui pensent que vous allez tout niquer (instances étatiques ou
locales et opinion publique), on a confiance en vous », ils craignaient
tout de même que ça dégénère et que
la violence éclate, et ont finalement préféré
la contenir ou du moins la canaliser jusquà la tombée
de la nuit, où les jeunes pourraient alors cramer des voitures
à leur guise et en assumer seuls la responsabilité puisque
dans ce cas cette explosion de violence résulterait de leur propre
initiative !
Ainsi, pas de débordements (ou presque puisque de nombreuses boutiques
du centre-ville ont baissé leur rideau lors du passage de ces jeunes
révoltés, nuisibles sauvageons représentant un danger
pour ces commerçants apeurés telles de jeunes vierges effarouchées
par la vue de scènes de cul !) ; tout sest déroulé
dans le calme et la bonne humeur « grâce » aux gens
du MIB qui en avaient appelé au sens de la dignité et au
besoin de reconnaissance de la majorité de ces jeunes par lopinion
et les pouvoirs publics, étant donné la mauvaise image que
renvoient ces pillages et ces casseurs de tout poil !
« Pas de justice, pas de paix », « Justice pour Moussa
! », « 1ère, 2ème, 3ème génération,
on sen fout, on est chez nous ! » et « Police, assassins
! » furent les slogans les plus récurrents, les manifestants
revendiquant le droit à la justice et à la vérité,
comme cest le cas généralement dans ce genre daffaire,
ce qui me semble assez contradictoire dans la mesure où la vérité
est claire : un flic a délibérément assassiné
un jeune délinquant pour avoir commis un vol et ne sêtre
pas plié aux ordres de policiers, aussi démesuré
que paraisse lacte, il ne pourrait en être autrement !
Quant à la justice, il semble bien quelle ait été
rendue : ce jeune a bel et bien été condamné à
la peine de mort, sans sommation ni jugement, si ce nest celui de
ce flic meurtrier qui, lui, bien entendu, sera acquitté comme dordinaire
par les magistrats chargés de rendre la justice soi-disant au nom
du peuple !
Comment peut-on encore réclamer justice dans ce contexte ?
Faut-il pour autant faire justice soi-même ?
Il semble que la solution judiciaire ne mène quà limpasse
et que les véritables solutions soient ailleurs !
Essentiellement dans de nouvelles formes de réflexion et daction
collectives des habitants de ces quartiers
« désobéissance civile » par exemple, cest-à-dire
refus de se soumettre aux lois dexception sociale : couvre-feux,
interdiction de se regrouper dans les halls dimmeuble, contrôles
didentité « au faciès » qui doivent
se faire entendre et sorganiser afin que ce genre de drame ne se
reproduise plus, mais également pour que sinversent toute
la politique menée dans les quartiers populaires et le rapport
de forces actuel, pour transformer la société, finalement
!
Soit, il ne sagit pas là dune mince affaire et du temps
sera nécessaire, mais il vaut mieux ne pas être trop patient
car la liste des « homicides excusables » terme employé
par Alain Madelin pour désigner ces divers assassinats et bavures
de la police continue sans répit, elle !
Réagir nous semble donc vraiment urgent : il serait temps de ne
plus se mobiliser et sunir uniquement dans lurgence, de tels
meurtres devant permettre un déclic, une prise de conscience et/ou
un début de lutte sociale véritable !
Basta, les petits mouvements parcellaires ponctuels et toujours trop rares,
à labordage, pirates des cités-dortoirs, et que tremblent
les dominants lorsque vous arriverez en ville !
|