Dans le silence fracassant
des bombes russes génocidaires du peuple tchétchène,
dans le concert unanime dun suivisme sans faille, pour une «
Ju$tice sans limites », une « Liberté immuable »
made in US in the World, le gouvernement yankee a fait passer la pilule
amère dune justice militaire prête à juger tous
ceux qui seront considérés comme terroristes sur la seule
foi des services de sécurité. Lentrée de la
Chine dans les échanges marchands, des organes humains prélevés
sur ses milliers de condamnés à mort suppliciés.
Lois dexception en France et en Grande-Bretagne, sous la forme de
perquisitions à toute heure et de fouilles à corps par de
simples vigiles, de couvre-feu pour les mineurs dans les quartiers sensibles
; Big Brother dans les rues, sur le Net, dans les cages descalier
; bref, contrôle policier et social à tous les étages
Notre silence complice face aux images du peuple palestinien quon
assassine en live, en prime-time ! Saturés, surinformés,
overdosés, nous navons même plus lexcuse de ne
pas savoir
Les États terroristes assassinent impunément,
enferment leurs opposants ou supposés, nient, bafouent, tuent les
libertés quils prétendent protéger ; lauguste
Pinochet sen tord de rire
Soyons donc lucides et pragmatiques, la question des prisons et de leurs
occupants, de leurs (leurre) droits est passée de mode de ce côté-ci
de lHexagone. Lindignation des sénateurs, femmes et
hommes politiques, grands humanistes progressistes de circonstance...
des quelques intellos Iibres-penseurs, pétitionnaires dhabitude...
fut vite balayée par louragan, le raz-de-marée, la
déferlante sécuritaire, de Gênes à Kaboul en
passant par Millau
José Bové na plus quà
bien se tenir, ça rase gratis ! Cest la tolérance
zéro ! La SÉCURITÉ, thème crucial de la campagne
électorale. Révision de la loi de 1945 sur lenfermement
des mineurs, sous la pression des magistrats et des policiers fondamentalistes
nostalgiques de leurs prérogatives totalitaires. Réouverture
des bagnes pour enfants de moins de 15 ans, surresponsabilisation
des parents paupérisés menacés de perdre leurs faméliques
allocations
Loi pénitentiaire remise, quant à elle,
aux calendes grecques.
Seul laspect sécuritaire est préservé. Classement
détablissements en trois catégories pour détenus
étiquetés plus ou moins dangereux. Critères laissés
à la seule appréciation de lAP. Mise en chantier de
plusieurs prisons centrales à minimum deffectifs, hypersécuritaires,
ce qui nest pas sans rappeler les QHS (quartiers de haute sécurité)
et autres QSR (quartiers de sécurité renforcée) de
sinistre mémoire. Maintien du prétoire, tribunal interne
légalisé de fait, avec laccès du « droit
» dans le temple du non-droit, de larbitraire le plus total.
LAP étant seule juge et partie, ses décisions ne sont
contestables que dans la forme mais aucunement suspensives.
Maintien des quartiers disolement et disciplinaire comme arsenal
coercitif. La réponse apportée au problème des longues
peines ingérables, peines délimination, peines de
mort lente. Le placement en quartier disolement étant là
encore à la libre appréciation du responsable détablissement,
les critères sont laissés à son entière discrétion.
Le plus souvent, la formule fourre-tout est «lordre et la
sécurité de létablissement». Les risques
dévasion, liés à la personnalité du
détenu ou à son délit. Le niveau de conscience du
détenu, celui de laffirmation de son droit, de sa non-soumission,
non-résignation. Cette mesure ne peut excéder trois mois
mais peut être renouvelable le nombre de fois quil leur plaira,
il suffit au directeur dargumenter auprès de la direction
régionale, et au-delà dune année, auprès
de la chancellerie, qui sempresse de donner son aval. Les recours
sont toujours possibles mais jamais suspensifs. Le ministère ne
désavoue que très rarement ses subordonnés zélés.
Un quartier disolement est aménagé dans chaque maison
darrêt et maison centrale. Le plus souvent à lécart
de la détention, contigu au quartier disciplinaire, quand il nest
pas dans ce même quartier disciplinaire. Lisolement y est
total, aucun contact avec aucun autre détenu. Les seules visites
accordées concernent la famille et les proches, à lentière
discrétion des magistrats instructeurs pour ceux en attente de
jugement, à celle des directeurs détablissement pour
les condamnés. Les avocats peuvent évidemment visiter leurs
clients. Aucun prof ou intervenant extérieur ne peut dispenser
de cours, aucune activité salariée. Pour les détenus
indigents, le dénuement sajoute à lhumiliation.
Laccès au culte y est proscrit, dans certains quartiers,
une bibliothèque, de même quune salle de sport, aménagée
dans les cellules, sont à la disposition des isolés. Accès
réglementé, une fois par semaine. Deux promenades journalières
sont possibles, elles seffectuent seul, dans des cours minuscules
grillagées sur le dessus, sous le regard inquisiteur du mirador
armé jusquaux dents. Dans certains endroits, des caméras
surveillent ces courettes. À chacun des déplacements, sorties
de cellule, un brigadier accompagné de plusieurs surveillants escortent
le détenu. Les surveillants ne détiennent que la clé
de la porte de la cellule ; celle de la grille intérieure, faisant
office de deuxième porte, nest détenue que par le
brigadier, raison de sécurité
Quand lisolé
se déplace dans la détention, on enferme tous les autres
détenus, ainsi que les intervenants extérieurs (avocats,
profs, psys, infirmières, etc.) ; lisolé ne doit rencontrer
ni voir personne. Avant et après chaque mouvement, lisolé
est soumis à une fouille à corps, une mise à nu précisément.
Sans oublier les continuelles et inopinées fouilles de cellule.
Le médecin effectue ses visites deux fois par semaine au QI, elles
sont pratiquées le plus souvent au travers de la grille de sécurité
: le détenu dans la cellule, le personnel médical sur la
coursive derrière la grille en présence des gardiens. Le
secret nétant plus quune notion abstraite dans ces
espaces de non-droit, de mort lente, de torture blanche. Le service médical
est le plus souvent la caution morale de lAdministration pénitentiaire.
Lorsque son avis est requis pour une éventuelle prolongation disolement,
il nest que consultatif !
La torture ne saménage pas, elle sabolit. La prison
doit cesser dexister, elle a fait son temps, quelle crève
!
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