Le scénario de départ
est plutôt classique « trois malfaiteurs armés font
irruption dans un magasin d’alimentation pour y commettre un casse
». La suite prouvera le contraire.
C’est le soir du 1er janvier que trois « bandits » choisissent
de braquer un magasin d’alimentation d’un quartier de Comodoro
Rivadavia dans le sud de l’Argentine. Tout s’enchaîne
alors très vite. Une fois dans les lieux, ils tombent sur les propriétaires
du magasin et les prennent en otage, les flics arrivent déjà
sur place et cernent le bâtiment. De nombreux habitants du quartier
ainsi que quelques journalistes, attirés par l’agitation,
s’amassent derrière les cordons de police, tout le monde est
aux premières loges et la scène est diffusée en direct
sur les écrans argentins. Après quelques brefs échanges
de tirs, les preneurs d’otages tentent d’engager la négociation
par l’intermédiaire d’un journaliste. Plusieurs heures
de flottement s’ensuivent.
Puis ils décident finalement de rassembler l’argent des caisses
et lancent les sacs pleins de billets au milieu des badauds qui se ruent
dessus. La situation prend alors une tout autre tournure, la foule réclamant
haut et fort à la police de laisser repartir les « bandits
». On imagine aisément l’ambiance électrique
qu’il devait y régner, les flics faisant certainement moins
les malins, surtout en ces moments d’effervescence générale
dans tout le pays.
Mais là ne s’arrête pas l’aventure. Les preneurs
d’otages incitent alors des journalistes à approcher une camionnette
dans laquelle ils commencent à transvaser bon nombre de victuailles
se trouvant dans le magasin, à destination des habitants du quartier.
À nouveau la foule force les cordons de police pour se servir directement
dans la camionnette regorgeant de vivres. C’est à ce moment
que les « bandits » choisissent de signer leur acte en faisant
jurer à
un des propriétaires du magasin « qu’il ne laisserait
plus jamais les gens de Comodoro Rivadavia avoir faim et qu’il leur
distribuerait de la nourriture chaque fois qu’il en aurait la possibilité
». Il est à noter que pas mal d’actions de ce genre
étaient courantes en Argentine : détroussages de magasins
d’alimentation et redistributions dans les quartiers populaires ;
ces pratiques « robinhoodesques » remportant un vif soutien
de la part des habitants.
La fin de l’aventure reste malheureusement classique pour les preneurs
d’otages. Les flics donnent l’assaut et tirent dans le tas.
Deux d’entre eux sont abattus sur-le-champ, le troisième s’en
sortant blessé (sic). Les trois otages quant à eux retrouvent
leur liberté et leur commerce.
Et la suite ? L’histoire ne nous dit pas quelle fut la réaction
des habitants du quartier suite à l’assaut de la police. Il
reste à espérer qu’ils portèrent un toast à
la « générosité » des commerçants
de leur quartier.
|