- PHILIPPE CAPERA
EST MORT ! Une fois de plus, un détenu paie de sa vie
linhumanité carcérale.
Lettre du collectif des détenus des maisons centrales de Lannemezan
et dArles ; juillet 2001.
Le 2 juillet 2001, Philippe Capera est mort dans la maison darrêt
de Perpignan, des suites dun cancer. Le médecin de la prison
navait pas vu en lui un patient nécessitant des soins mais
un détenu, un être de seconde zone
ÉDITO
- Maison darrêt de grasse, 28/07/01 :
Mort avant son suicide ? La version officielle.
« les forces de lordre ont maîtrisé, Lundi
30 Juillet dans laprès midi, la mutinerie survenue le matin
à la prison de Grasse (Alpes-Maritimes),faisant dix blessées
parmi les détenus. (
)la mutinerie serait motivée par
la mort, samedi, dun jeune détenu mineur au mitard, une cellule
diciplinaire
Extraits du Monde, 30 Juillet 2001 et de Libération, 31 Juillet
2001
- VOYAGE À VALLORIS.
« Ralph Hamouda habitait à la cité de la Zaïne.
(
)(ici( beaucoup de familles ont quelquun en prison. Non quon
y vole plus quailleurs mais parce que les flics multiplient les
provocations, incitent à la violence immédiate
- LE RÉCIT DES FAMILLES
Récit de la mort suspecte de Ralph Hamouda et du mouvement de protestation
des détenus ;
«(
)le samedi, juste après le passage de la gamelle,
le copain du dessus lui dit quil va manger et quil reviendra
rapidement lui parler à travers les barreaux, « Tiens bien
le coup » ; un autre lui conseille darrêter de gueuler
en lui assurant que cela ne sert à rien. Les cris sarrêtent
à 18 heures et ne recommenceront plus. Les prisonniers autour du
mitard commencent à voir une fumée noire sortir du cachot
vers 20 heures ; comprenant immédiatement que le matelas est en
train de brûler et sachant très bien que ces vapeurs sont
mortellement toxiques, ils se mettent à crier, à taper sur
les barreaux pour prévenir les matons. Des prisonniers sonnent
à linterphone et expliquent que la cellule est en feu, les
matons leur répondent par des rires et mettront une heure trente
avant dintervenir
- COMMUNIQUÉ DE PRESSE
« Mutinerie à la prison de Grasse : les représentants
de lordre et de la sécurité sont appelés à
la rescousse. Bilan : 11 blessés ; les CRS tirent sur
les détenus, ls prisons ne sont plus seulement des zones de non
droit, des mouroirs, mais elles sont aussi des abattoirs et des stands
de tir sur cible humaine
Leslie Wisse-Laroche, présidente du Collectif de Défense
des Familles et des Proches de personnes Incarcérées.
- LETTRE OUVERTE.
Lettre du collectif pour en finir avec toutes les prisons adressée
aux directeurs des maisons darrêt de Grasse et des Baumettes,
au maire de grasse et au ministère de la justice.
- Etat de grasse
« Monsieur Botella, le directeur de la maison darrêt
de Grasse, devrait se souvenir que la fraternité est le lieu même
de toute humanité. Ce nest pas en se soustrayant au regard
critique quil pourra en développer le sens. Il oublie, en
ne tendant pas la main à ses frères humains (prisonniers
assassinés par un Etat complice,) quil se classe parmi les
bourreaux, chemin de déshumanisation et de déchéance
personnelle
- DEPUIS CLAIRVEAUX
A Madame martine Viallet, directrice de Ladministration pénitentiaire.
« Madame, le 26 Juin, profitant dune excursion culturelle
à labbaye de Clairvaux, vous nous avez fait lhonneur
dune visite au parcours soigneusement balisé(
) , en
tant que détenu, je me refuse à cautionner la comédie
qui sest jouée à linsu de tous ceux qui auraient
pu vous décrire la réalité du centre pénitentiaire
Á MADAME JACOB, JUGE D'APPLICATION DES PEINE
Courrier de ROUABAH Asseine du CP de Clairveaux
- DEPUIS LUYNES
Lettre d'Yves Perrat «
Luynes est une de ces prisons-usines
du plan 13 000, ouvertes au début des années 90. Au niveau
des conditions matérielles, elle est plus propre que les Baumettes,
les cellules sont pourvues en eau chaude et les chiottes ont une porte.
Pour le reste, les relations avec les surveillants sont réduites
au minimum, tout est automatisé et se gère à partir
dun point central : ouverture des portes des couloirs, appels
Partout des caméras. Les promenades ne sont que de deux heures
au lieu de trois aux Baumettes et la cour est divisée en deux par
un grillage
- QUI VEUT LA PEAU D'ABDELHAMID HAKKAR ? Ou
lautopsie (judiciaire et étatique) dun être vivant.
Depuis le 30 Septembre 2000 Abdelhamid hakkar est détenu arbitrairement.
Arrêté en 1984 et condamné en 1989 à perpétuité
assortie dune peine de sûreté de dix-huit ans, Hakkar
devrait être libre
- Lettre ouverte de M. Hakkar à M. Canivet, président de
la chambre criminelle de la cour de cassation.
Monsieur, Un juge du tribunal de Nuremberg a dit un jour que le « le
pire crime est celui commis au nom de la justice ». Cette citation,
eu égard à la situation qui mest faite (
( je
peux aujourdhui mieux la faire mienne que je suis bien fondée
à la reprendre à mon compte.
- DES FRAGMENTS DE POSSIBLE
Gênes, Juillet 2001
récit des manifestations en opposition
au sommet du G8.
« En arrivant à Gênes quelques jours avant le
G8, on découvre une ville en état de siège. Cela
fait des mois que le battage médiatique entretient la psychose
et que lEtat italien tente dempêcher les gens de venir
par une démonstration de force qui se veut dissuasive. Où
que lon soit, on a toujours une escouade de flics dans son champ
de vision. Tous les corps en sont représentés : la police
nationale (avec différents corps délites et la DIGOS,
léquivalent des RG en France), les carabiniers (avec les
ROS, lunité antiterroriste), la garde des Finances, la police
pénitentiaire, la police municipale, les « Vigiles urbains
», les « Citoyens de lordre » et même les
gardes forestiers...
- Mutilation Ordinaire
Communiqué des prisonniers de la centrale dArles,
août 2001.
«Un jour de canicule en juillet, ils lont jeté au cachot.
Puis au QI. 50° sous le toit. Les grilles et les vitres dépolies
pires que la porte dun four. Pour survivre, il faut vivre mouillé.
Même les plus solides croient y perdre la raison.
Kamel devait sortir en septembre.
Un matin, le sang sous sa porte donna lalarme.
Kamel sest tranché le sexe avec une lame de rasoir !
- Regard
de femmes, poème de Duszka.
A laube du jour de parloir,
du jour de revoir,
je regarde,
songeuse devant mon miroir,
le visage que tu prendras doucement dans tes mains
- DE LA PEINE DE MORT
AUX PEINES JUSQU'À LA MORT.
Octobre 2001. La France pays phare des valeurs démocratiques commémore
labolition de la peine de mort (
( De fait, en 1981 les socialistes
nont pas aboli le peine de mort mais juste supprimé la guillotine
Il
devrait être impossible pour un cerveau sain dimaginer quun
être humain puisse en enfermer un autre. Alors, que dire de lacceptation
si répandue de voir des prisonniers emmurés à vie
ou presque ? Ce délire de la longueur des peines a atteint son
paroxysme. Vingt ans en moyenne : cest devenu une mesure du temps,
dun temps économique, calculé, rentabilisé,
cest le temps dun crédit immobilier, cest le
temps de l« éducation » dun enfant
- Debout.
Poème de David.
« Etre derrière des barreaux,
mais être debout
Etre dans une cage
- La liberté sans
condition. Lettre de Lobo.
«Voilà donc la pensée dun perpète, je
dis pas dun homme car fiché, catalogué, mis dans des
cases puis une cage ; lEtat te laissera animal figé dans
un passé qui sera ton présent jusquà une hypothétique
conditionnelle.
Et après
qui sen soucie !?
- Les peines auto-gérées ? Lettre
de Jean-Pierre.
A propos de la gestion des peines
Linstitution judiciaire décide
seule, du temps nécessaire à une repentance, une guérison.
Certains pensent quil serait plus logique « de demander
aux principaux intéressés, cest-à-dire à
ceux qui sont passés ou qui y sont toujours, quelle durée
ils estiment nécessaire de passer derrière les barreaux
pour comprendre la faute qui les y a amenés
»
Il nous paraît important de mettre en discussion ce point de vue,
largement partagé à lintérieur
Suicide
La prison est un lieu mortifère où le suicide est tres présent :
Douze fois plus quà lextérieur pour lannée
2000.
«
En dehors de la volonté du prisonnier den finir,
sa mort résulte de la non-intervention du personnel de ladministration
pénitentiaire et autres, notamment médecins, assistantes
sociales
qui, en bons fonctionnaires estiment que venir en aide à
un homme qui agonise ne rentre pas dans leurs fonctions
- Jai choisis de me battre
Lettre de Sonia.
« Je me souviens de mon arrivée ; dès quon
ma donné mon fameux paquetage, on ma escorté
jusquà ma "Splendide demeure" et là, la
porte sest refermée derrière moi, la première
chose qui ma traversé lesprit etait que : je nouvrirai
plus jamais cette porte, cest eux qui ont la clef
Le temps
fait réfléchir et moi jai le choix entre deux chemins :
soit le suicide ou bien me battre. Jai choisi de me battre et jen
suis fière
- Les assassines négligences.
Lettre des détenus de la centrale de Poissy.
Témoignage quand à la mort de Moritz survenue en cellule
de confinement dans la nuit du 31 décembre 2000 au 1er Janvier
2001.
«Monsieur le procureur,
Aux alentours de 0 h 50, le détenu MORITZ, cellule 315,
a été pris dune crise dangoisse. Des cris ont
suivi, montrant que le détenu avait perdu le contrôle de
lui-même. Ensuite, il a cassé des verres ou son miroir, occasionnant
un grand vacarme. Puis un grand bruit suivi de cris violents de désespoir
: il appelait à laide
, quasiment tous les détenus
se sont mis à frapper avec violence dans les portes et à
crier aux fenêtres. Ceci dans le but dalerter les agents présents
dans les miradors, mais aussi les gens dans les immeubles den face.
Les cris dagonie du détenu MORITZ ont duré de très
longues minutes ; puis, plus rien
Mort suspecte
« le suicide ne peut pas être le fait dune espérance,
il est le résultat des pressions subies au quotidien sans possibilité
de se défendre
OBJET: Convocation dun détenu.
Par le Tribunal de Grande Instance deVersailles.
Le suicide à lombre.
Lettre d'Audrey, Fresnes, Mai 2001.
« Fresnes, Fleury, Rennes, Lyon, Loos, Rouen, Marseille
Voilà, dans lordre, la liste des maisons darrêt
où lon se suicide le plus !
Pour lannée 99, toujours selon les statistiques, au niveau
national, tous les trois jours, un détenu quittait cette terre
Ultime
transfert pour le cimetière !
Les Mots : des munitions.
Audrey.
Des nouvelles de Fresnes
Récit des conditions de détentions
et plus particulièrement de la censure qui touche la correspondance
des détenues. « la saisie du courrier peut être
effectué dans la mesure où celui-ci constitue une menace
pour la sécurité des personnes et de létablissement »
et « lappréciation du danger est laissé
au chef détablissement »
JURISPRUDENCE : pour
faire le joint sur les grâces présidentielles
A propos de limbroglio des grâces présidentielles...
Lexemple de M.Yves Bidault détenu au CD de Mauzac.
Cest arrivé près
de chez vous...Un
cas mortel de probabilité
Le matin du 26 février 2001 à Verden, Klaus Herzberg
sest fait tué par werner Braeuner.
Klaus Herzberg, 63 ans, etait directeur du bureau local du chômage;
Werner Braeuner , 46 ans, est ingénieur mécanicien au chômage.
Braeuner venait dêtre radié, et ses allocations , son
seul revenu, supprimées
-ABC Dijon
Présentation de lABC (arnarchist black cross), fédération
internationale de groupes autonomes dont le but est labolition définitive
du système carcéral.
Contact du collectif prison de Clermont-Ferrand
qui depuis quelques mois propose des consultations gratuites davocats.
Petites annonce.
Extraits de lettres qui ont suivi lenvoi
du premier numéro de lenvolée, pour faire le point
ensemble sur lutilité du journal.
-Grèves de la faim contre lisolement
en Turquie
En Octobre 2000, plusieurs milliers de prisonniers politiques entament
un mouvement de protestation contre la mise en place de prisons cellulaires
(basées sur les normes européennens) en se lançant
dans une grêve de la faim
- Collectif anti-Expulsion dIle-de-France
Texte du collectif anti-explulsion dont laxe daction principal
est la lutte contre les centres de rétention.
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