PETITION POUR HAKKAR

Les détenus de Clairvaux se mobilisent pour dénoncer le harcèlement dont fait l’objet Abdel-Hamid Hakkar : les medias français et étrangers ont de nombreuses fois relaté le kafkaïen parcours d’Abdel-Hamid Hakkar pour faire valoir ses droits en justice, mais sont peu au fait des méthodes pratiquées à son encontre par l’administration pénitentiaire. Arrivé il y a moins de trois mois dans la centrale de Clairvaux, après déjà de longues années passées dans les quartiers d’isolement, notre camarade fait de nouveau l’objet d’un placement à l’isolement motivé par la sempiternelle excuse de « présomption sérieuse de préparatifs d’évasion ». En réalité cette mesure a pour but d’empêcher Abdel-Hamid Hakkar de préparer sa défense en le privant de l’accès au matériel informatique disponible en détention mais pas à l’isolement. Déjà, lors de son arrivée dans l’établissement, un mystérieux accident avait consciencieusement détruit son ordinateur jusqu’au disque dur renfermant de nombreux dossiers relatifs à son procès à venir. Abdel-Hamid Hakkar avait déposé une plainte contre l’administration pénitentiaire représentée en l’endroit par Mr Danet. Nous dénonçons les agissements discriminatoires faits à l’encontre de notre camarade qui ne revendique que ses droits dans la stricte légalité.
Hakkar est en grève de la faim depuis le 23 décembre 2002.

ARLES

Jeudi 28 novembre 2002, une tentative d’évasion de la centrale d’Arles s’est soldée par l’assassinat d’un des prisonniers qui tentaient la belle et d’un de ses amis venus les chercher. Pendant la promenade de l’après midi, trois compères Kader et Ouari Attou, Karim Guermoudi sont arrivés dans trois voitures devant l’enceinte ; à l’intérieur cinq prisonniers se sont approchés du mur, Djamel Méghoufel (libérable en 2 026), Antonio Néri (condamné à perpétuité), Gérard Delmé (libérable en 2 028), Paul Léonetti (libérable en 2 024) et Vincenzo Caredda. Les potos ont lancé une échelle par dessus la muraille et l’un d’entre eux est monté sur une deuxième échelle côté extérieur. Un des trois a tiré sur le mirador équipé de vitres blindés pour empêcher les matons de leur tirer dessus : comme le prouvent les impacts des balles, les matons ne risquaient absolument rien sauf s’ils ouvraient les fenêtres. C’est pourtant ce qu’ils ont fait, abattant Karim Guermoudi et Vincenzo Carreda. Les quatre pris onniers survivants ont été placés en garde à vue avant d’être conduits au mitard, et les deux amis extérieurs ont été arrêtés, Ouari Attou s’est rendu vingt quatre heures après. Voilà pour les faits.
Les réactions côté AP ont été immédiates : Perben a félicité ses subalternes (« je salue le courage des personnels pénitentiaires qui, dans cette attaque ont gardé leur sang-froid »). Les matons ont eux déploré le manque de sécurité de la taule, accusant le directeur de laxisme, déplorant le fait que les prisonniers ne soient pas enfermés dans les cellules en dehors des horaires de promenade ou d’activités. Le ministère a promis de construire un grillage renforçant le mur d’enceinte.
De quel courage peut-on parler quand les assassins en uniforme, protégés par les blindages et la loi, tuent un prisonnier bloqué en haut du mur, et abattent d’une balle dans le bas du dos un de ceux qui se trouvaient à l’extérieur. La loi qui autorise à tuer des prisonniers qui tentent de s’évader vient d’ailleurs de l’époque de Vichy… Nous préférons saluer le courage des prisonniers qui ont risqué leur vie plutôt que de mourir lentement à l’intérieur des murs (les cinq candidats à la Belle n’avaient aucun espoir de libération) tout comme celui de leurs amis prêts aussi à mourir pour leur rendre la liberté. Nous saluons aussi l’élan de solidarité manifesté par de nombreux prisonniers de la centrale d’Arles qui ont fait une collecte pour l’envoyer aux familles des défunts. La direction de la prison a par ailleurs retenu l’argent, empêchant cette somme de parvenir à leurs destinataires. Les prisonniers de la centrale de Moulins ont de leur côté exprimé leur solidarité en refusant leurs plateaux repas.