COMMENTAIRE...

On ne peut qu’être d’accord avec l’analyse suivant laquelle la politique ultra répressive mise en place n’est pas le produit d’un « certain gouvernement » mais est développée à l’échelle mondiale depuis bien avant les élections présidentielles en France et même antérieurement au 11 septembre. Personne ne pourra nier la nécessité de regrouper les forces qui s’opposent à cette politique. Néanmoins nous ne partageons pas les conclusions et les propositions pratiques qui sont exposées dans ce texte.

Une proposition à peu près équivalente — de notre point de vue — avait déjà été émise il y a quelques mois par « Résistons ensemble », elle souffrait déjà des deux mêmes défauts qui caractérisent l’appel lancé par Gaël Roblin et Joëlle Aubron, à savoir la volonté de réduire la lutte à la défense d’une catégorie particulière incapable de créer un réel rapport de force et un unitarisme impraticable parce qu’il se résume à s’aligner sur les positions humanitaro-pleurnichardes de la nouvelle gauche para institutionnelle (« Tous ensemble » signifie s’aligner sur le plus petit dénominateur commun, c’est-à-dire donner la direction politique à la minorité la plus molle).
Lorsque nous nous sommes rendus à la grande réunion organisée par « Résistons ensemble » sur la même thématique, plus de 400 personnes étaient présentes, représentant un peu toutes les catégories concernées (instituteurs ne voulant pas être transformés en flics, habitants jeunes et moins jeunes de quartiers populaires luttant contre la mise en place de CLS, militants anti-carcéraux, jeunes de cité, etc.). Pourtant, contrairement à ce qui était annoncé dans le tract d’appel, ce ne fut pas une coordination de toutes ces énergies qui fut mise en place, mais on exigea des présents qu’ils s’alignent et qu’ils se fondent dans la lutte contre les bavures policières, qu’ils fassent leur une analyse communautariste de la violence d’État (la terreur policière serait dirigée exclusivement contre les maghrébins et s’expliquerait par les séquelles de la guerre d’Algérie — sic) ; en bref qu’une dynamique de convergence de toutes les catégories créées par le Pouvoir (jeunes/vieux, français/immigrés, inclus/exclus) se sclérose en « comité de soutien » ayant pour ressort la victimisation et la mauvaise conscience, renvoyant chacun à son atomisation et laissant les jeunes immigrés des banlieues plus isolés que jamais. Par la suite, l’activité de « Résistons ensemble » s’est pratiquement résumée à un « activisme » médiatique à la remorque de la gauche para-institutionnelle (LCR, Droit devant, DAL… tous fossoyeurs des mouvements sociaux précédents : mouvement des mal logés, des sans-papiers et des chômeurs).