G.I.R. CONTRE RACAILLE (suite)

Et si malgré tous ses efforts, rien de probant n’était découvert à l’encontre d’un « désigné coupable », l’emploi d’un « repenti » pourrait s’avérer judicieux, comme en Italie où police et carabiniers ont toujours sous la main quelqu’un qui à quelque chose à se faire pardonner et prêts à faire les déclarations qu’on lui demande en échange de l’impunité. Il est clair que quand le deal est « plus tu balances, moins tu prends » on a tout intérêt à en rajouter, et si possible des trucs qui vont dans le sens de l’accusation. Normalement avec tout ça, on ne devrait pas en être réduit à utiliser la qualification fourre-tout d’« association de malfaiteur », même si elle devait toujours se révéler payante. Là, pas besoin de délit précis et circonstancié… ne fréquentait-il pas des voyous ? N’avait-il pas l’intention d’envisager quelques préparatifs en vue de commettre un délit ? N’est-il pas suspect de rentrer dans les catégories visées par l’extension de la notion de « crime organisé» (voir encadré). De ce fait, il se verra appliquer la loi Perben qui prolonge la garde à vue jusqu’à quatre jours, la visite de l’avocat ayant lieu à la trente-sixième heure. Son affaire sera instruite par un pôle de magistrats spécialisés ayant des moyens considérables et pouvant s’entourer d’« assistants spécialisés ».

À ce point, les bonnes âmes de gauche de se dire. Mais pourquoi pas ? Cela ne concerne que des sous-citoyens, qui se sont mis eux-mêmes au ban de la société.

Pas si sûr. Car qui va sélectionner ses « déjà condamnés d’avance » ? Sur quels critères ? Car enfin, si les G.I.R. et tout l’arsenal qui les accompagne se mettent en branle et se jettent tel une nuée de sauterelles sur un suspect qu’on lui a désigné, c’est bien parce qu’en amont il existe des structures et des dispositifs pour ce faire. Le fait que la direction des G.I.R. soit confiée aux représentants de l’exécutif (préfets et procureurs) et non au judiciaire (un juge d’instruction « indépendant » comme cela était l’usage auparavant) signifie très clairement que le choix sera éminemment politique, et même politicien. Alors certes aujourd’hui c’est la « racaille » qui est visée, mais demain ? Ce sera peut-être vous, les « de gauche » bien pensants et citoyens.
Mais non, je disais ça pour plaisanter. Demain ce sera toujours la racaille qui sera visée, sauf que cette notion qui recouvre l’entièreté des « classes dangereuses » est plutôt floue. Déjà, dans de nombreuses municipalités, des « assemblées citoyennes » sont mises en place, et il suffit d’y aller faire un tour pour constater que ce sont de véritables séances de délation qui sont instituées sous l’égide du commissaire, de la mairie et des travailleurs sociaux, ajouter à cela le fichage des individus dès l’école maternelle, les contrats locaux de sécurité, et c’est tout un maillage qui permet de repérer, cibler… et éliminer tous les sujets potentiellement à risque pour la perpétuation d’un ordre qui se veut immuable.

C'EST LA RACAILLE ET J'EN SUIS!

Il faut noter qu’un syndicat des inspecteurs du travail appelle ses adhérents à refuser d’intégrer les G.I.R. ou même de collaborer avec eux. Les travailleurs ne sont pas des flics… D’ailleurs les flics ne sont pas des travailleurs !