TRACT DIFFUSE AU CENTRE DE DETENTION DE SALON

Même justice pour tous !

Une fois de plus, la prison revient au premier plan de l’actualité. Après l’été chaud dû à la surpopulation carcérale, consécutive à la politique sécuritaire menée par le nouveau gouvernement, sur les traces du précédent, c’est le cas de Papon qui défraye la chronique. Notre propos n’est pas de prendre position sur ce qui l’a conduit entre quatre murs. L’histoire, et les hommes l’ont jugé, et nous espérons que ses nuits seront hantées par les visages de ses victimes. Ce qui nous importe, c’est le motif de sa remise en liberté, fondée sur son grand âge et son état de santé, incompatible avec la détention. Pour autant, ils sont des centaines de détenus (plus de 400 selon le rapport de la commission d’enquête parlementaire sur les prisons) à dépasser les 80 ans et plusieurs milliers à souffrir de maladies graves type sida, leucémies, cancers… Quand ils ne sont pas en fin de vie. Pour eux, pas de comité de soutien, ni de remise en liberté, mais très souvent l’hôpital où on les laisse partir pour y mourir, histo ire de ne pas comptabiliser leur décès dans les statistiques des morts en prison.
Salon n’échappe pas à la règle, qui transforme depuis plusieurs années les prisons en asile psychiatrique ou en dispensaire pour personnes âgées. C’est au 3e étage du bâtiment A, qu’on peut trouver un détenu de 83 ans ne se déplaçant qu’avec une canne et très difficilement ou un autre de 73 ans quasi aveugle, qui ne sort pratiquement jamais de sa cellule. Toutefois il n’est pas suffisant de se scandaliser dans les seuls moments où la prison occupe les premières pages des médias. Il faut aussi pointer du doigt, la responsabilité de l’institution judiciaire de la question de la surinflation carcérale.
Entre 1978 et 1998, les peines de 5 ans ont augmenté de 1 020 %, les condamnations de plus de 10 ans de 233 % et les perpétuités de 100 %. Ceci s’explique entre autre par une diminution très importante des libérations conditionnelles, plus aucune commutation et le peu d’aménagement des peines et alternatives à celles-ci. Depuis janvier 2003, le CDR de Salon a hérité d’une procureur, Mme Zentar qui, quasi systématiquement, fait appel sur les décisions de libérations conditionnelles prises par le JAP, Mme Blin, alors que les dossiers des détenus s’inscrivent dans le cadre de critères définis par la loi pour en bénéficier. Exemple d’un détenu demandant à bénéficier d’une conditionnelle parentale, ayant deux enfants de moins de 10 ans, et moins de 4 ans de peine à effectuer et dont la femme est morte dans un accident de voiture. Refus, même chose, pour les permissions qui selon la loi sont accessibles à tiers de peine, mais qui dans la réalité ne sont accordées qu’à partir de la mi-peine.
Quant à la réinsertion, elle reste le parent pauvre de l’institution pénitentiaire et pénale.
Au point que les détenus du bâtiment C de Salon ont dû entreprendre un boycott du SPIP pour que leur demande soit prise en compte.
Quelle réinsertion par le travail, quand celui qui est proposé est peu payé et n’ouvre aucune demande à une couverture sociale.
Quand au droit du travail et syndical, n’en parlons pas. Le détenu reste taillable et corvéable à merci, sans aucun droit.
Il y a peu le juge Halphen, un magistrat faisait le constat que la justice fonctionne à deux vitesses. Pour notre part nous savons que les lois ne s’appliquent pas de la même manière à tout le monde.
C’est pour cela que nous demandons :

1- l’application de la remise en liberté immédiate de tous les détenus âgés, malades ou en fin de vie.
2- l’application réelle des libérations conditionnelles ainsi que toutes les mesures d’aménagement des peines. Ces deux revendications immédiates étant tout simplement deux des mesures préconisées par les commissions du Parlement et du Sénat dans leur rapport sur l’état des prisons.
3- ainsi que le réajustement des salaires carcéraux sur ceux pratiqués à l’extérieur avec tous les droits y afférant, y compris le droit syndical.

Proposition contenue dans le présent rapport du Sénateur Paul Lorient
« prison : le travail à la peine » des détenus du CDR de Salon.