Edito du numéro 8. Janvier 2003

Sécurité, troisième couche. Les gardes à vue de 96 heures, avec un premier entretien avec l’avocat seulement à la 36e heure ; la pose de micros, de caméras de surveillance qui deviennent juridiquement utilisables ; les perquisitions de jour comme de nuit, les écoutes téléphoniques généralisées ; la délation reconnue officiellement et récompensée par des exemptions de peine.

 Main dans la main, flics et procureurs vont mener leurs enquêtes, appliquant la notion d’association de malfaiteurs à de plus en plus de délits, dans une logique qui va à l’encontre de ce que les humanistes ont toujours présenté comme une garantie légitime : la présomption d’innocence ; désormais, on arrête des « capables du fait » et l’on cherche ensuite des délits qu’ils auraient pu commettre.

 On ne va pas pleurer sur la mise au rencard du rôle du juge d’instruction ; si, tout à fait exceptionnellement ils ont joué un rôle de fusible, ils ont toujours été dans le même sens d’une répression judiciaire. On ne va pas pleurer non plus sur des atteintes au Droit, quand ce même Droit a toujours servi à soumettre les pauvres aux intérêts des classes possédantes. Certes la période se durcit ; les résistances sont plus difficiles à tenir, les conditions économiques sont moins réjouissantes, la criminalisation des mouvements guette…

 Mais au fond cela ne change pas la donne : que s’est-il passé pendant les années dites laxistes, qu’est-ce que les 20 ans de gauche plurielle ont vu éclore comme contestation, comme expressions d’une critique de ce système, sinon la formation d’une nébuleuse citoyenne qui aura fini de parquer chacun chez soi, de laisser de plus en plus d’individus isolés se débattre entre la défense de la petite propriété, la peur de l’autre, l’ennui de la télévision et le défouloir psychotrope.

 Sans forcément penser que c’est dans les périodes les plus dures que les événements se produisent, profitons en tout de même pour sortir de cette confusion généralisée qui laisse les propriétaires de ce monde indemnes de toute offensive. Tout ne va pas bien dans le monde capitaliste et si le pire reste à venir, faisons-leur payer l’addition.

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