Rolando Jesus Garcia est un paysan mexicain appartenant à la communauté de Loxicha (Etat de Oaxaca).
Rolando, comme beaucoup d'autres hommes du municipe ,est accusé d'homicide.
En juin 2001 il était détenu depuis déjà deux ans.

« Dès l'instant où je suis rentré dans ce pénitencier, ma vie a subi un changement radical. Vivre à l'intérieur d'un pénitencier, sans liberté, c'est penser sans cesse : “ Quand reverrai-je ma famille, mes amis, mes petits animaux, les champs… ” Ils te privent de tes vêtements normaux, des réunions ; ta forme de penser, ta façon de parler, ta manière de marcher et jusqu'à la manière de préparer ta nourriture, commencent à changer ! Privé des champs, privés de mon père, privé de ma mère, de mes frères !
On ne peut pas dire que tout soit négatif, mais tout ce que je subis ici, je le supporte pour retourner dans mon village. Écouter le chant des oiseaux, c'est quelque chose de merveilleux, c'est tellement bien d'être libre ! Aujourd'hui, je demande à Dieu d'être vite avec les miens, avec mon village, avec ma famille, et de pouvoir dire à mes amis qu'être en prison, c'est perdre tout ce qu'il est possible, tout ce que tu pourrais réaliser si t'étais libre. Et ça fait encore plus mal quand ils te privent de ta liberté et que tu n'as rien fait.
Comme ça change, la vie dans une prison ! La prison, attendre…
Mais j'ai aussi des compagnons avec qui je partage mes tristesses et mes joies et on s'entraide. C'est bien, mais c'est quand même mieux d'être libre avec toute ma famille… »

Rolando Jesus Garcia

Felipe était maçon et faisait partie du municipe de Loxicha, il fut arrêté en avril 1997 alors qu’il se rendait à son travail. D’abord torturé. Electrodes, étouffements, coups, les yeux bandés, attaché sur une chaise, les mains derrière le dos pendant dix jours, laissé plusieurs jours sans manger et sans boire. Puis laissé dans une pièce, toujours les yeux bandés, attaché à un lit. Le jour, enfermé dans un placard étroit, sans lumière, abandonné là des heures et des heures, pendant des jours et des jours, des mois. Felipe de Jesus a disparu ainsi pendant neuf mois, personne n’avait de ses nouvelles, il était officiellement disparu. Pour réapparaître en décembre 1997 derrière les barreaux de la prison de haute sécurité d’Almoloya, condamné à plus de trente ans d’emprisonnement.