Matonnerie
Suite à la parution du mensuel L’Envolée,
le SNP-FO s’adresse à la ministre…

Madame la Ministre,
Profondément attaché aux valeurs républicaines que constituent la liberté de pensée, d’opinion et d’expression, le SNP-FO n’a jamais manqué de soutenir toute action permettant d’enrichir le nécessaire débat devant être mené autour des conditions d’incarcération et du dossier pénitentiaire en général.
A ce titre, notre organisation accueille la contradiction ou la confrontation de la même manière qu’elle les pratique à l’égard de chacun de ses interlocuteurs : sans aucune distinction de statut, mais dans un esprit de respect et de tolérance réciproques.
Dans ce contexte, la publication et la vente publique de la première livraison du mensuel L’Envolée nous aura laissés d’autant moins indifférents que l’ensemble des personnels pénitentiaires sont aussi gravement qu’impunément mis en cause, cependant que certains articles appellent activement à la sédition et à la violence.
A ce jour nous constatons avec regret – et une fois de plus – qu’aucun de vos services n’a estimé utile de réagir à de tels propos, dont il n’est pas douteux qu’ils connaîtront du moins l’accueil favorable d’une certaine frange d’individus, sinon une probable application à l’instigation de quelques fauteurs de troubles.
Soyons clairs : notre but ne vise pas à l’exercice ni à la réinstauration d’une intolérable forme de censure.
Il ne s’agit pas de sacraliser la prison ; il s’agit de protéger de tout débordement les agents chargés d’une mission de sécurité publique assumée dans des conditions de plus en plus difficiles.
Quand nos homologues d’autres ministères peuvent compter sur la prompte intervention et le soutien de leurs administrations centrales, nous constatons avec amertume que ni la chancellerie, ni la direction de l’Administration pénitentiaire, n’ont estimé opportun de se manifester, quoique le caractère intolérable de certains propos leur ait été présenté.
En tout état de cause, nul ne saurait invoquer le libre exercice du droit de la presse ou une certaine forme de licence journalistique pour justifier les appels non équivoques parus sous des titres aussi évocateurs que : « Recherche complices pour former une entreprise de démolition », « Beau comme une prison qui brûle »… ou encore la constante assimilation des personnels avec des tortionnaires, assimilés dans certains cas à des geôliers de camps de concentration…
Encore ne s’agit-il pas là d’un relevé exhaustif de la diversité des violations apportées aux lois et règlements, dont vous êtes la garante en votre qualité de ministre de la Justice.
Substituant l’invective au débat, la diffamation aux arguments et l’intolérance la plus sordide aux intérêts de la collectivité, cette publication devait s’imposer à votre attention en un moment où le climat se dégrade au sein des établissements pénitentiaires français, dont les capacités à garantir la sécurité de chacun s’amenuisent progressivement. Il n’en a rien été cependant, fort regrettablement.
Faudra-t-il qu’un fonctionnaire pénitentiaire soit l’une des nouvelles victimes de la violence prônée par ces écrits avant que vos services ne condescendent à apporter une réponse, qui, à n’en pas douter, sera certainement autrement moins vigoureuse que celle pouvant être réservée à ces mêmes agents lorsqu’ils ne font qu’exprimer leur désarroi et leurs craintes ? Personne n’ose y croire.
Ainsi vous demanderai-je de me préciser les initiatives dont vous allez convenir à l’endroit de la publication précitée, tout commes celles que vous privilégierez dans l’avenir en pareilles occurrences.
Attendant de pouvoir informer les personnels de votre réponse, je vous prie de croire, Madame la Ministre, à l’assurance de ma parfaite considération.

Le secrétaire général, Serge Alberny