WEEK-END AGITE A GUINGAMP

Depuis novembre 2001, 2 squatts ont été ouverts à Guingamp dans le Trégor. Le premier, l’ACAB, a été expulsé après 14 jours d’occupation et une résistance de la part des squatteureuses (5 des occupantEs se réfugient sur le toit).
Le second, TY Disuj, a duré 1 mois avant qu’une armée de gardes mobiles et un tractopelle les expulsent. Durant l’occupation, 3 coupures d’électricité vont être opérées par E.D.F. Pour dénoncer toutes les coupures, réclamer le rebranchement et le retrait de la plainte pour vol d’énergie, 6 des squatteureuses occupent l’agence commerciale d’E.D.F. à Guingamp. Après une garde à vue de 20 h, ils/ elles sont accuséEs de séquestration.
C’est dans ce climat électrique de répression et d’intimidation (gazage et sabotages de véhicules, passages incessants devant les lieux avec insultes et menaces, contrôles permanents au faciès…) que s’organise le F.R.A.P. (Festival de Résistance à la Répression Policière). Dans l’idée, c’était 4 jours de rencontre, de discussions et d’échange d’idées autour des nouvelles lois sécuritaires et répressives, avec au final, rassemblement au procès des 6 inculpéEs.
Petite chronologie du week-end :
Début de semaine du 11/ 02, occupation d’un pavillon de consultation d’une ancienne clinique privée destinée à devenir le futur commissariat, dans le centre de Guingamp.
Mercredi 20/ 02, soit 2-3 jours après, passage au tribunal en comparution expéditive.
Jeudi 21/ 02, avis d’expulsion prononcé par le tribunal (5 jours…).
Nuit du jeudi 21/ 02, disparition enchanteresse des squatteureuses dans les contrées bretonnes.
Vendredi 22/ 02, une petite centaine de C.R.S. venue de bien loin intervient à 6h00 pour procéder à l’expulsion de la clinique… Plus personne…
Fin d’après-midi du vendredi 22/ 02, l’ancien hangar de matériel agricole ARMO, à 2 minutes de Bégard est occupé par une quarantaine de personnes. Il y avait l’eau et l’électricité et les premierEs occupantEs peuvent s’installer pour une période ne dépassant pas le week-end. Le soir, discussion sur le déroulement du week-end.
Samedi 23/ 02, 15h 00, une grosse centaine de manifestantEs se réunit place du centre à Guingamp… Départ vers le commissariat par la rue piétonne (bombage, bris de distributeurs…)…commissariat surprotégé, C.R.S., grilles antiémeute, camions…
Du coup E.D.F. à côté s’en prend plein les fenêtres. Puis parcourt classique : sous-préfecture, re-centre, Mac Do protégé, gendarmerie sauvegardée, passage devant l’ancien squatt, C.R.S. au train, on ne le reprend pas… VIGILE VIRIL, GARE A TOI !
Entre temps, le jus a été coupé à Armo.
Retour à Armo, la soirée débute dans le noir jusque tard. Tandis que les filles cuisinent la récup, les gars galèrent pour le rebranchement, les chiens hurlent et les punks se saoulent (ben oui ça arrive encore !). Les voisins, désespérés d’avoir perdu jus et télé du même coup se ramènent, sympathisent et donnent un coup de main.
Discut sur la prison, concert Dub solitaire (les groupes locaux ont déclaré forfait pour de pauvres raisons) et bataille d’épluchures "virile" selon certainEs mais salutaire.
Dans la nuit, une agence d’huissier de Bégard brûle… Tout est ravagé, reste que les pignons… Anecdote : c’est l’huissier qui s’est occupé de l’expulsion des 3 squatts trégorois ! ? ! Hasard, coïncidence ou catastrophe naturelle ?
Dimanche 24/ 02, repassage de E.D.F. et de ses lieutenants mais ils sont renvoyés vite fait par les squatteureuses. Discut sur la veille et sur la criminalisation des squatts, théâtre et disco révolutionnaire. On pourrait regretter que les débats n’aient pas trop avancé mais bon, le réseau s’agrandit.
Lundi 25/ 02, 40 rescapéEs font face à un cordon de C.R.S. devant le tribunal… Nos amiEs prévenuEs ont bien du mal à accéder au bâtiment tant les condés sont méfiants et nerveux… altercations, coups de matraques pour un des inculpéEs… et tension qui monte en pression.
15h 00, peines requises : -5 mois fermes et trois avec sursis pour l’un des inculpéEs déjà condamné en Nov. suite à des tags anticapitalo. Et pour les autres, 3 mois ferme et 5 avec sursis. Aussi, pour touTEs, interdiction de territoire de Guingamp.
Le F.R.A.P. est terminé mais les keufs, pas rassasiés du week-end, tournent beaucoup à Guingamp.
Face à une répression toujours croissante, les copains/ copines s’en prennent plein la gueule, tous/ tes, ici, là, ailleurs, on remet çà, on continue, on s’organise.
Vous aussi, où que vous soyez, manifestez notre solidarité, mettez vos cagoules.
N’attendez pas d’être en prison pour vous bouger.

Article paru dans le bulletin de l’ABC n°37, mars 2002
Le 25 mars a eu lieu le délibéré du procès, les six squatters ont été condamnés à plusieurs mois de prison avec sursis.