Derrière les murs des prisons...


Alors que dans toute l'Espagne des prisonniers poursuivent une grève de la faim pour lutter contre leurs conditions de détention, lors du sommet européen de Barcelone a été organisé un concert « contre l'europe du capital ». Devant plus de 40 000 personnes, un groupe cagoulé – avec des tee-shirts sur lesquels on pouvait lire « nous sommes des prisonniers en lutte pour notre dignité et notre liberté » – est monté sur scène et a lu le communiqué suivant :


L'Etat espagnol se trouve au second rang des pays de la Communauté européenne en ce qui concerne le nombre de personnes incarcérées.
La politique de globalisation réactionnaire, nettement influencée par les Etats-Unis, veut non seulement faire de l'Europe une forteresse mais tend aussi à convertir chaque pays en immense prison. L'Etat espagnol détient déjà une population pénitentiaire qui frôle vertigineusement les 50 000 personnes, parmis lesquelles plus de 80 % proviennent des couches les plus exclues de la société. Aux alentours de 80 % de ces personnes sont incarcérées pour des questions en relation directe ou indirecte avec la drogue, sa consommation ou sa revente à petite échelle. Derrière les murs des prisons, on torture, on maltraite, des maladies jusqu'à présent incurables se propagent, on expérimente, on met en œuvre des études inhumaines sur le comportement humain… En définitive, on applique à nombre de personnes incarcérées, et en totale impunité, un traitement non seulement brutal et inhumain mais qui plus est criminel, en poussant au suicide et à la mort par overdose.
Il existe une prison dans la prison, qui se nomme Dert en Catalogne et Fies dans le reste de l'Etat, dans laquelle on maintient quotidiennement des personnes cloîtrées durant 22 ou 23 heures par jour dans des cellules d'isolement de deux mètres sur trois, sans lumière du jour et presque sans aération, les déshumanisant jusqu'à les anéantir, en les transformant en êtres qui ne sont plus capables d'exprimer ni émotions ni sentiments et qui deviennent complètement soumis et craintifs au moindre son de voix de leurs bourreaux qui les torturent physiquement et psychologiquement.
Le développement économique criminel qui préside à la globalisation prétend non seulement exterminer les petites communautés mais nous menace aussi, tous, en construisant de nouvelles prisons, en réclamant plus de prisonniers et de prisonnières pour répondre aux campagnes médiatiques artificielles et mensongères de peur et d'alarme sociale qu'il a créés. Aujourd'hui, ils remplissent les prisons d'immigrés qu'ils maintiennent dans des conditions d'exploitation et de précarité proches de l'esclavage, de la même façon qu'ils le firent jadis quant ils cherchaient de la main- d'œuvre bon marché, prête à perdre sa vie pour faire les sales boulots dont personne ne voulait : mais, depuis le temps, on a construit des complexes industrialo-pénitentiaires plus vastes dans lesquels les multinationales nous ont réservé nombre de postes de travail.
Dans ce triste futur qu'il nous ont si rigoureusement préparé, nous, les dissidents, les immigrés, les indigènes, les chômeurs, les rebelles, les pauvres, ceux qui font passer la dignité avant la marchandise… en résumé tous ceux qui résistent au seul fait d'être des consommateurs de choses inutiles et mortes et qui se refusent à vivre dans un monde sans vie ni passion seront des espèces en voie de disparition et condamnés à la mort lente de la prison.
Les esprits malades de ces projets pervers d'emprisonnement social sont les grandes puissances financières et les multinationales, les hommes politiques, les juges, les avocats, les policiers, les psychologues, les matons, les militaires, les éducateurs, les criminologues, les psychiatres, les assistantes sociales... et tous ceux qui par leur silence et leur soumission ont abandonné la résistance et la solidarité active.
Pour tout cela, plusieurs prisonniers dans différentes prisons de l'Etat espagnol mènent du 12 au 18 mars une grève de la faim pour réclamer que soient respectés les droits élémentaires qui leurs sont refusés.
Parce que nous ne désirons pas continuer à vivre baillonnés par ce système, détruisons les prisons physiques et psychologiques.
A bas les murs des prisons !!!