Juge des libertés et de la détention, cour d’appel : la nouvelle donne
Ce texte est apolitique, ni de gauche, ni de droite, écrit par un collectif de détenus de la maison d’arrêt de Nanterre «Des citoyens du monde»

C’est un constat, un constat amer que nous faisons aujourd’hui.
En effet, depuis des mois, on peut constater dans les divers tribunaux de France, que toutes les décisions de justice, surtout celles rendues par les JDL et les cours d’appel sont sous surveillance.
Une observation à la loupe, où la liberté lorsqu’elle est accordée est médiatisée, critiquée et donne lieu à de nombreux débats. Les présidents de chambre d’appel sont montrés du doigt et désignés comme les responsables de ces prétendues erreurs !
Ce sont les syndicats de police qui orchestrent tout cela et mettent la pression !
Pression gagnante, dans la quasi-totalité des gros dossiers c’est le statu quo !
Les JLD et les cours d’appel n’osent plus prendre de décisions en faveur des mises en examen, ils refusent de subir cette pression médiatique et policière, et plus haut la peur d’une sanction possible du Conseil de la magistrature.
Entre la présomption d’innocence d’un possible braqueur, ou tout autre délit, leurs carrières passent avant tout, et la décision est très vite prise.
Vous messieurs les journalistes où êtes-vous ? Où sont vos articles, vos premières pages, lorsqu’un viol collectif a lieu dans un commissariat par des policiers ou quand un jeune après une course poursuite se fait assassiner par arme de guerre par les forces de l’ordre, car il s’agit bien de guerre entre eux et nous !
Là vous ne montez pas aux créneaux, juste quelques lignes en pages intérieures en petit « élections oblige » petit comme vous, vous êtes complices de ce système.
Il faut aussi savoir qu’il a été demandé aux instances judiciaires par le ministère de l’Intérieur de maintenir en détention le maximum de personnes fichées au grand banditisme : sous quel critère cette appellation ?
Sous le prétexte du passage à l’euro la justice a suivi bien obéissante. Car derrière tout ceci, il y a des enjeux bien plus importants, le pouvoir, la politique, avec la campagne des élections présidentielles la situation précaire des détenus s’aggrave et s’accentue.
Tout cela fait le beau jeu des policiers dans les centrales, CD, et MA. On peut constater aussi une pression permanente de l’Administration pénitentiaire : un refus systèmatique de conditionnelles, de semi-libertés et permissions !
Et pour ajouter à ceci une pression suppléméntaire, une augmentation de transferts, soi-disant par mesure de sécurité, « surtout pas de vague, pas de mouvement, pas d’émeute, éléctions oblige ».
L’insécurité est devenue le cheval de bataille de tous les candidats. C’est à celui qui ira le plus loin dans l’ignominie et les mesures de répression.
Naturellement en découlent plus de moyens, plus de crédit, plus de détention, plus d’injustice et moins de prévention. On entend même des candidats placés aux plus hautes instances de l’Etat parler de tolérance zéro, d’impunité zéro, d’autres anciens ministres de l’intérieur demandent le rétablissement de la peine de mort.
Ces mêmes candidats « au-dessus de tous soupçons », auraient leur place en détention « au quartier VIP » si la justice n’était pas muselée !
Tous ces constats, ces dérives, ces slogans nous amènent à la conclusion suivante : c’est la France et le Monde qui sont en danger de mort. Car à n’en pas douter nous sommes devenus un état policier répressif et gestapiste, un état où la délation est récompensée, nous sommes revenus à l’ancien temps où la collaboration avec l’ennemi était monnaie courante.
Citoyens du monde prenez garde et reveillez-vous car cet ennemi invisible sommeille en chacun de nous.
Force, courage et détermination.