« Cest un très
bon jour pour ressortir tout ce quon veut faire passer en douce.
»
Jo Moore, conseillère du ministre anglais des Transports dans un
e-mail à ses collègues, le 11 septembre 2001.
Depuis
quelques années, et à un rythme effroyablement accéléré
après les attentats aux Etats-Unis, le capitalisme tente de renforcer
ses appareils répressifs. Au niveau mondial, cest lextension
illimitée des pouvoirs de police et le vote de législations
dexception. En Europe, après la proposition de corps antiémeutes
européen pour prévenir que des épisodes comme ceux
de Gênes ou de Göteborg ne se reproduisent, cest à
présent le projet de mandat darrêt européen
et ladoption dune législation « antiterroriste
» commune qui sont à lordre du jour. Naturellement,
sous prétexte de lutte antiterroriste, cest la retour de
la lutte anticapitaliste qui est visé.
Il ny a, à ce jour, que deux Europe : celle du fric et celle
des flics, lune appuyant lautre. Le véritable visage
de leur prétendue « abolition des frontières »
est la réalisation dun système de surveillance unifié
: SIS (système dinformation Schengen). En fait, cest
plutôt à une prolifération des frontières que
lon assiste avec le SIS. Chaque patrouille de flics qui le consulte
devient le point de départ potentiel dune mesure dexpulsion,
dextradition ou darrestation. Ce fichier, qui doit à
terme contenir 12 millions de signalements (de personnes, de véhicules,
dobjets recherchés), nest pas seulement le cur
dune politique européenne de répression en gestation,
il est aussi linstrument le plus au point dans la gestion des flux
migratoires (la circulaire Chevènement a avant tout servi à
le remplir dun premier lot dexpulsables-exploitables), dans
lentretien dune fraction de population sciemment privée
de tous droits et, de ce fait, corvéable à merci. Il sert
moins la construction dune forteresse Europe quà celle
dune entreprise Europe, avec un niveau de surveillance et de contrôle
prévu pour une rentabilisation optimale du travail humain, de tous
les moments de la vie et de tous les rapports sociaux. Cest ainsi
que la « libre circulation des personnes et des biens » aura
préalablement réclamé le fichage policier de tous
les individus réputés dangereux, de tous les étrangers
potentiellement jugés indésirables (et dautant mieux
mis au travail), de tous ceux quil est bon, pour des motifs dits
« dordre public » de placer sous « surveillance
discrète ».
La seule réponse possible à la nouvelle phase de guerre
dans laquelle lOccident (lOccident dans la mesure où
il sidentifie au capitalisme) est entré est de sattaquer
aux instances de contrôle quil multiplie, à sa police.
Contrairement à une idée reçue, la mise sous surveillance
des populations nest pas le fait dune conspiration impalpable
mais repose sur des infrastructures localisables, matérielles.
La mise sous surveillance des populations de lentreprise Europe,
par exemple, sappuie sur le SIS, qui se trouve à Strasbourg.
Ce système est la pièce maîtresse de ce dispositif
de surveillance qui fait que les frontières, loin dêtre
abolies, sont partout en Europe.
Tous ceux qui sont déterminés à sopposer à
la prolifération des frontières et aux progrès du
contrôle social sont les bienvenus à la réunion qui
se tiendra le mercredi 21 novembre à 18 heures au CICP, 21 ter,
rue Voltaire, 75011 Paris.
Il sagit de commencer à se coordonner en vue de préparer
les journées internationales daction et de discussion du
camp aux frontières de juillet 2002 à Strasbourg. Si vous
êtes intéressés mais ne pouvez pas venir à
la réunion, merci de nous le faire savoir, nous vous tiendrons
au courant des suites de cette initiative.
* Linitiative dun camp aux frontières à
Strasbourg a été lancée par le réseau Kein
Mensch ist illegal (personne nest illégal) dans le cadre
du réseau No Border, qui a lexpérience de plusieurs
années de camps aux frontières extérieures et, cette
année, intérieures (aéroport de Francfort, doù
se font la plupart des expulsions dAllemagne). Les camps aux frontières
nont pas de forme fixe, sinon celle que dictent les lieux et les
désirs des participants. De telles initiatives ont déjà
réuni plusieurs milliers de personnes. Elles se sont tenues à
Zittau en 1999 (Allemagne, frontière polonaise), en 2000 à
Cottbus (Allemagne, ancienne limite entre la RDA et la RFA), Ustrzyki
Gorne (Pologne), Marzememi (Sicile), en 2001 à Tarifa (Espagne),
Lendava (Slovénie), Krynki (Pologne) et près de laéroport
de Francfort. Pour une information plus complète sur les camps
aux frontières passés, et si vous avez accès au Web,
vous pouvez consulter : http://www.noborder.org. Tous ces camps comportent,
à des degrés divers, des débats, des manifestations
et des actions.
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