APPEL À RÉUNION
S’ORGANISER POUR PRÉPARER LE CAMP AUX FRONTIÈRES*
DE JUILLET 2002 À STRASBOURG CONTRE LE SYSTÈME D’INFORMATION SCHENGEN (SIS)

« C’est un très bon jour pour ressortir tout ce qu’on veut faire passer en douce. »
Jo Moore, conseillère du ministre anglais des Transports dans un e-mail à ses collègues, le 11 septembre 2001.

Depuis quelques années, et à un rythme effroyablement accéléré après les attentats aux Etats-Unis, le capitalisme tente de renforcer ses appareils répressifs. Au niveau mondial, c’est l’extension illimitée des pouvoirs de police et le vote de législations d’exception. En Europe, après la proposition de corps antiémeutes européen pour prévenir que des épisodes comme ceux de Gênes ou de Göteborg ne se reproduisent, c’est à présent le projet de mandat d’arrêt européen et l’adoption d’une législation « antiterroriste » commune qui sont à l’ordre du jour. Naturellement, sous prétexte de lutte antiterroriste, c’est la retour de la lutte anticapitaliste qui est visé.
Il n’y a, à ce jour, que deux Europe : celle du fric et celle des flics, l’une appuyant l’autre. Le véritable visage de leur prétendue « abolition des frontières » est la réalisation d’un système de surveillance unifié : SIS (système d’information Schengen). En fait, c’est plutôt à une prolifération des frontières que l’on assiste avec le SIS. Chaque patrouille de flics qui le consulte devient le point de départ potentiel d’une mesure d’expulsion, d’extradition ou d’arrestation. Ce fichier, qui doit à terme contenir 12 millions de signalements (de personnes, de véhicules, d’objets recherchés), n’est pas seulement le cœur d’une politique européenne de répression en gestation, il est aussi l’instrument le plus au point dans la gestion des flux migratoires (la circulaire Chevènement a avant tout servi à le remplir d’un premier lot d’expulsables-exploitables), dans l’entretien d’une fraction de population sciemment privée de tous droits et, de ce fait, corvéable à merci. Il sert moins la construction d’une forteresse Europe qu’à celle d’une entreprise Europe, avec un niveau de surveillance et de contrôle prévu pour une rentabilisation optimale du travail humain, de tous les moments de la vie et de tous les rapports sociaux. C’est ainsi que la « libre circulation des personnes et des biens » aura préalablement réclamé le fichage policier de tous les individus réputés dangereux, de tous les étrangers potentiellement jugés indésirables (et d’autant mieux mis au travail), de tous ceux qu’il est bon, pour des motifs dits « d’ordre public » de placer sous « surveillance discrète ».
La seule réponse possible à la nouvelle phase de guerre dans laquelle l’Occident (l’Occident dans la mesure où il s’identifie au capitalisme) est entré est de s’attaquer aux instances de contrôle qu’il multiplie, à sa police. Contrairement à une idée reçue, la mise sous surveillance des populations n’est pas le fait d’une conspiration impalpable mais repose sur des infrastructures localisables, matérielles. La mise sous surveillance des populations de l’entreprise Europe, par exemple, s’appuie sur le SIS, qui se trouve à Strasbourg. Ce système est la pièce maîtresse de ce dispositif de surveillance qui fait que les frontières, loin d’être abolies, sont partout en Europe.
Tous ceux qui sont déterminés à s’opposer à la prolifération des frontières et aux progrès du contrôle social sont les bienvenus à la réunion qui se tiendra le mercredi 21 novembre à 18 heures au CICP, 21 ter, rue Voltaire, 75011 Paris.
Il s’agit de commencer à se coordonner en vue de préparer les journées internationales d’action et de discussion du camp aux frontières de juillet 2002 à Strasbourg. Si vous êtes intéressés mais ne pouvez pas venir à la réunion, merci de nous le faire savoir, nous vous tiendrons au courant des suites de cette initiative.

* – L’initiative d’un camp aux frontières à Strasbourg a été lancée par le réseau Kein Mensch ist illegal (personne n’est illégal) dans le cadre du réseau No Border, qui a l’expérience de plusieurs années de camps aux frontières extérieures et, cette année, intérieures (aéroport de Francfort, d’où se font la plupart des expulsions d’Allemagne). Les camps aux frontières n’ont pas de forme fixe, sinon celle que dictent les lieux et les désirs des participants. De telles initiatives ont déjà réuni plusieurs milliers de personnes. Elles se sont tenues à Zittau en 1999 (Allemagne, frontière polonaise), en 2000 à Cottbus (Allemagne, ancienne limite entre la RDA et la RFA), Ustrzyki Gorne (Pologne), Marzememi (Sicile), en 2001 à Tarifa (Espagne), Lendava (Slovénie), Krynki (Pologne) et près de l’aéroport de Francfort. Pour une information plus complète sur les camps aux frontières passés, et si vous avez accès au Web, vous pouvez consulter : http://www.noborder.org. Tous ces camps comportent, à des degrés divers, des débats, des manifestations et des actions.