Tous ces biens qui p
érissent,
Que dautres les amassent En nos corps enlis
és En nos corps emmur
és.
En nos corps o sans trve, Exil extrme on crve!
En ce corps carc
éral, Dans l
étau de m
étal.
Marina Ivanovna Tsvetaeva
Lorsque je pense aux longue-peine,
demblée la réflexion sancre dans ces hommes
qui ont dû subir, il y a déjà vingt ans, la peine
capitale.
On peut se hasarder à dire que cest une « courte peine
». Et en hasardant encore, dans une hypothèse de «
contradiction surmontée », jose énoncer quune
telle condamnation à la mort subite pouvait être dune
qualité supérieure à une condamnation à perpétuité,
qui sen trouve ainsi gracieusement élargie et humainement
prévue par le Code pénal, dans une époque prétendument
progressiste. Du moins, le condamné à mort ne subissait
guère latroce souffrance de voir sa propre décomposition
biologique et cérébrale, ainsi que celle affective
concernant les proches, déchiré parmi quatre murs
dépourvus dissue pendant vingt, vingt-cinq, trente ans
A partir du moment de sa condamnation jusquà son exécution,
le condamné à mort se faisait une raison de « lacquittement
terrestre » à lui imposé. Cétait la loi
! Inhumaine, barbare, cruelle, impitoyable, mais cétait la
loi. Et voilà quune sorte de philosophe fataliste sappropriait
la pensée de lêtre destiné : Il vaut
mieux mettre un terme à langoisse tourmentée que la
traîner des années durant sans espoir ni destin. Le néant
! Cest la pensée suicidaire ! celle qui est encore «
en vogue » dans « nos » prisons, car le système
pénitentiaire noffre pas grand nombre de choix en ce qui
concerne les longue-peine
Il y a vingt ans quon a aboli le bourreau, mais dans la nouvelle
interprétation de la loi, donc la condamnation à perpétuité,
cest le condamné même qui devient son propre bourreau
! Voici ce que je veux dire lorsque jécris « contradiction
surmontée » : le système pénitentiaire, appuyé
par la « loi », nous a confié le choix de vie ou de
mort sur nous-mêmes ! [
]
|