Évasion
: une histoire damitié
Dans laprès-midi du dimanche 27 mai, trois compères
et amis se sont emparés dun hélicoptère appartenant
à la compagnie Hélifrance, emmenant avec eux une femme pilote
qui se trouvait à bord, et se sont dirigés vers la prison
de Fresnes au risque de leur vie.
Jusque là tout sétait bien passé, le pilote
de lhélico la confirmé, hélas léchelle
de corde sest avérée trop courte et les deux candidats
à la belle ne purent la saisir. Dans le même temps, un jeune
surveillant, Nicolas Tassin, en poste au mirador N° 2 a tiré
sur lappareil en pleine illégalité et en parfaite
inconscience, son geste pouvant transformer lengin en bombe incendiaire
sécrasant sur des centaines de détenus en promenade.
Il a tout de même réussi à blesser lun des passagers
de lhélicoptère
La loi interdit de faire feu
sur un engin aérien, cependant les garants de lautorité
publique sen tamponnent. Ils lont déjà fait
à St Maur en 92 et aux Baumettes en 99 sans être poursuivis
malgré les plaintes déposées. Dailleurs, alors
quil risque les assises, le tireur fou du mirador de Fresnes na
reçu comme seul blâme quune promotion au grade de premier
surveillant, améliorant ainsi au passage son salaire. Les passagers
de lhélico, en danger de mort, ont riposté et ont
touché le surveillant au poumon. Ils ont lancé un sac contenant
deux armes à lintention de leurs camarades avant de sen
aller.
Mounir Benbouabdellah et Christophe Khider sont des longues peines. Lun
a pris 15 ans, lautre perpète avec trente ans incompressibles.
Autant dire que leur seul espoir est lévasion
Ils saisissent
les armes et prennent trois surveillants en otages et tentent de trouver
une issue.
Le RAID est intervenu avec ses méthodes habituelles (psychologie,
fatigue, pressions, famille
). Au petit matin, Mounir sest
rendu et quelques heures après Christophe sest fait prendre.
Les Réactions
: une histoire de corporation
Mounir et Christophe ont été transférés, lun
au mitard de la Santé, lautre à celui de Bois dArcy
pour 45 jours. Ce nest que le début dune série
de représailles ; outre un procès à venir, il faudra
être vigilant pour que les surveillants nexercent pas leurs
vengeances corporatistes. On se souvient de ce quavait déclaré
Michel Ghellam sur ce que lui et ses potos avaient subi comme violences
et brimades suite à leur évasion de Clairvaux.
LAP a immédiatement déclenché une fouille générale,
à la recherce dindices et dindics, bloquant ainsi tous
mouvements pendant 2 jours. Résultats des investigations : rien.
Les surveillants, saisissant le prétexte, ont déclenché
une grève nationale : ils se sentent exclus du débat sur
les réformes pénitentiaires, ils affirment que si les choses
continuent comme ça, « cest les détenus qui
feront la loi ». Ils se sentent mal aimés, incompris, sous-payés,
en sous effectifs, désarmés face aux violences dont ils
sont, disent-ils, les victimes quotidiennement. Ils ont donc décidé
de mettre le paquet : blocage des extractions, des parloirs, des sorties,
des intervenants extérieurs. Ils demandent toujours plus de sécurité.
Ils mettent en concurrence leurs conditions de travail et les possibles
améliorations des conditions de détention (parloirs intimes,
activités
).
Une histoire
de solidarité
Les détenus de Fresnes, pendant la tentative dévasion,
ont allumé des feux dans des cellules, provoquant un long chahut.
Il semblerait que dès le lendemain, un grand nombre dentre
eux aient été transférés à Fleury Mérogis
qui a connu à son tour une nuit agitée : le lundi 28 mai,
au soir, le bâtiment D4 a dû être évacué
suite à des incendies de cellules et à des jets de projectiles
enflammés. De tout ceci, les MÉDIAS nen ont fait aucun
écho
À lextérieur, les familles empêchées
de visites ont manifesté leur mécontentement rappelant aux
matons quils nétaient pas obligés de faire ce
sale métier. Elles ont parfois, à Fleury comme à
la Santé, tenté de forcer les barrages pour accéder
aux parloirs.
Le collectif Pour en finir avec toutes les prisons a appelé le
jeudi 7 juin à un rassemblement devant la Santé, puis sest
joint aux familles basques le samedi 9 juin devant Fresnes en distribuant
et criant les revendications du texte qui suit :
Non
à la politique de systématisation des longues peines
Fin des peines à perpétuité, des peines incompressibles,
des périodes de sûreté
Abolition des Quartiers dIsolement
Non à la construction de nouvelles prisons
Abolition du mitard
Application immédiate des aménagements de peine (conditionnelles,
permissions
)
|