Dans
nos sociétés modernes, marchandes, mondialistes
lexclusion,
lenfermement, la coercition autoritaire, le toujours plus sécuritaire
est devenu la « question » axiale, celle qui « fait
débat » dans nos pseudo-démocraties !
La guerre froide « Est-Ouest » nétant plus dactualité,
la nature « humaine » ayant peur du vide, elle eut tôt
fait de se déplacer « Nord-Sud » !
Voir cibler des nouveaux ennemis, intérieurs ceux-là
Les plus sournois, les plus fourbes, les plus redoutables
Toutes ces minorités pauvres, visibles, vulnérables, corvéables,
stigmatisables ! Proies idéales. Aux States par exemple, dans la
patrie du serial killer Bush junior, magnat du pétrole, fils à
papa Bush senior, génocideur du peuple irakien quant à lui,
ce sont 20 milliards de dollars, alloués initialement à
la prévention, au social qui furent tout bonnement supprimés
pour être réaffectés au carcéral ! No comment.
En 1985 aux States on comptait 250 000 détenus, en 2001 cest
plus dun million sept cent mille ! Sans pour autant enregistrer
une quelconque hausse des crimes et délits. Leffet tolérance
zéro ! Titre du bouquin que vient de sortir ce substitut du procureur
de Lyon qui ne tarit pas déloges pour cette doctrine. Les
médias, la police, la justice, les politiques, lindustrie
du sécuritaire tendent tous à maximiser, à accentuer,
à rentabiliser la criminalité ! Susciter la peur
créer son sentiment produit leffet escompté,
à savoir la demande, celle du toujours plus sécuritaire.
Alors que construire des prisons pour enrayer la criminalité, cest
comme construire des cimetières pour enrayer une épidémie.
A New-York, 95 % de blacks et portoricains remplissent les prisons. Aux
States il y a autant de jeunes blacks en prison que de jeunes blancs dans
les universités. Une étude comparative dans lhexagone
avec nos minorités ethniques et sociales serait édifiante.
Aujourdhui la France a peur, peur de ses enfants. Les politiques
semblent tous extrêmement préoccupés par ce sujet
grave et sensible. Nous pouvons imaginer que les échéances
électorales ny sont pas étrangères. Linsécurité
: cheval de troie de tous les politiques ! Entre vaches folles, moutons
tremblants et porcs fiévreux
Il est évident que nous
avons bien plus à craindre et redouter les hordes de sauvageons
que linsécurité alimentaire, chimique, industrielle,
économique, politique ! Les jeunes, les minorités pauvres
sans droit, sans vote, sans voix, sans pouvoir
Cibles idéales
! Moins de places à lécole revient à plus de
places en prison. Aujourdhui ces dernières sont semi-privées,
livrées clés en main, avec étude de marché,
remplissage, rentabilité maximum ! Quand le bâtiment va,
tout va. Secteur en pleine expansion, tout comme la sécurité.
La question de la « fracture sociale » nest même
plus dactualité. On est pragmatique, on fait même plus
semblant ! Lexclusion se gère, cest même
un bizness porteur.
En prison, qui plus est, la main duvre y est docile, nombreuse,
disponible, cest lesclavage moderne
Salaires défiant
toute concurrence, charges sociales inexistantes, couvertures sociales
idem. Aucun droit du travail, droit syndical, droit tout court. Vive le
libéralisme intra-muros. La prison est criminogène, criminelle,
de lavis de tous. Son pseudo rôle dissuasif est loin dêtre
probant avec le constat accablant, terrifiant, de 70 % de récidive.
Or nous ne pouvons que constater la lourdeur et lallongement des
peines. Le non aménagement de celles-ci. Plus aucune commutation
depuis des années. Plus de libération conditionnelle pour
les longues peines. Aujourdhui encore la gauche se targue davoir
aboli en 1981 la peine de mort, vestige barbare dun autre temps.
La France restant la seule en Europe à exécuter «
ya tout juste 20 ans » des hommes et femmes, au nom de la
justice (la France étant dailleurs et à ce propos
le pays le plus répressif, celui où les peines sont les
plus lourdes en Europe). En mars 2001, labolition de la peine de
mort nest pas à mettre au compte de la gauche. Elle fut lenjeu
dun programme politique, lexpression de la volonté
dune partie du peuple français. Or cest bien un gouvernement
de gauche qui conçut et fit voter la peine de 30 ans accompagnée
de 22 ans de sûreté. Mesdames et messieurs les humanistes
de gauche, la torture ne saménage pas, elle se supprime.
Les longues peines sont une forme délimination sociale, une
mort lente à peine déguisée, de la vengeance pure,
le message adressé au corps social, aux prolos et sous-prolos,
aux travailleurs pauvres, aux fins de droits, à tous les exclus
qui auraient quelques velléités dune émancipation,
dune non acceptation. Cela procéde du même ressort
à lintérieur avec les régimes et statuts différenciés,
les avantages accordés à certains. Le monde carcéral
est le reflet du monde extérieur dans un arbitraire et un non droit
plus affirmés. Cest sans ambiguïté aucune. Des
luttes carcérales ont jalonné lhistoire des prisons.
Nous avons appris à nos dépends « pour certains »
quaucun acquis nest définitif. Nous avons la prison,
la justice, la démocratie que nous méritons. Les seules
choses dont nous pouvons être sûr, cest le changement
et la mort.
Ne laissons pas retomber leffet Vasseur. Des députés,
certains élus, des intellos, les médias sont sur le coup
et semblent mobilisés sur la question, cest pas rien ! Lenjeu
de la loi sur la présomption dinnocence, sur le nouveau traitement
des conditionnelles et autres aménagements est de taille. Celui
du droit dans la prison ne lest pas moins, notamment avec la présence
dun avocat au prétoire, « tribunal intérieur
à la prison » où cette dernière est juge et
partie dans larbitraire le plus total. Une des raisons qui fait
que les syndicats pénitentiaires sopposent tous à
cette loi.
La question des parloirs intimes, du droit à la sexualité,
à lintimité, à lhumanité intra-muros
est elle aussi dune portée capitale. Elle brise des tabous
(à nous de lexploiter) et aussi les consciences. Lenfermement
doit se suffire à lui-même.
La question des longues peines, des périodes de sûreté,
celle du travail dans la dignité et la non exploitation, la question
des transferts, de léloignement, des familles doublement
condamnées qui le plus souvent nont pas les moyens économiques
de se déplacer.
Enfin à tous les camarades, toutes les camarades de misère
ya
de quoi faire, mais cest pour la bonne cause, une cause juste, la
nôtre. Et puis nous avons lopportunité, limmense
privilège, davoir avec nous, pour nous, des potos, des camarades
qui sont OK pour relayer, communiquer, soutenir. Eux sont dehors, ils
sont OK pour se battre avec nous, pour nous.
Cest énorme. Ne les décevons pas.
À vous toutes et tous, compagnons de misère, avec vous.
Force et détermination.
À toute léquipe de lenvolée, restez fort.
Je vous embrasse fraternellement, amicalement.
La lutte finale continue.
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